L’AN IV DE LA REBELLION AMBAZONIENNE : AUX ORIGINES D’UNE CRISE
Depuis déjà 4 ans, notre pays est plongé dans une crise politique sévère qui a cédé en guerre civile. Cette guerre touche les deux régions anglophones du pays. Dans cette longue crise se joue le destin de la Nation entière. Que nous le voulions ou pas, une page importante de notre histoire est en train de s'écrire. Personne au début n'avait imaginé que cette guerre durera aussi longtemps. Pour mieux la cerner, il faudra remonter à sa source.
Aux origines d'un conflit
Plusieurs éléments se sont conjugués au cours de l’histoire et de l’actualité actuelle pour rendre cette guerre civile possible. Plusieurs acteurs, de près ou de loin, de manière volontaire ou involontaire, ont posé les conditions de la guerre civile camerounaise. Comme nous le verrons, la part du régime incompétent de Paul Biya est capitale.
- La part de la SDN
C'est elle qui avait validé la partition du pays au sorti du Protectorat allemand et de la brève période de condominium. Elle autorisait deux puissances mandataires à administrer un même pays et acceptait la division du pays faite par les mandataires. Elle entérinait de ce fait l’existence d’un Cameroun anglais et d’un Cameroun français. Une telle logique, si elle est mal gérée, ne pouvait empêcher de céder en crise violente quand les deux entités devaient se réunir.
- La part de l'Angleterre
Notre pays était un protectorat allemand. A la première guerre mondiale, l'Allemagne est battue au Cameroun qui se trouve placé sous mandat de la SDN (Société Des Nations) et confié à l'administration de la France et de l'Angleterre. Ces deux puissances mandataires ont pour mission de préparer le pays à son indépendance. Rompant avec les accords de mandat et plus tard de tutelle, l'Angleterre administre le Cameroun anglais comme une partie intégrante de sa colonie du Nigeria. Ce fait rendait difficile une réunification avec le Cameroun sous administration française. A l'origine, le Cameroun français et le Cameroun anglais forment une seule entité politique. Les partisans du mariage entre les deux parties mentent et tentent de manipuler.
- La responsabilité de la France
En 1948, dès la création de l'UPC (Union des Populations du Cameroun), nous avons posé deux conditions à la France: Réunification d'abord, indépendance ensuite. Ruben Um Nyobe et nos camarades aînés avaient vu le danger qu'il y avait à donner deux indépendances au Cameroun. Nos compatriotes des deux côtés du Cameroun ont engagé des actions pour cette réunification. Mais la France s'est radicalement opposée à ces deux visions de l'UPC et a engagé contre nous une longue et dure guerre. Cette guerre ne devait pas être sans conséquence dans le processus de réunification. La France a assassiné les principaux leaders qui revendiquaient acharnement la réunification. La guerre qu’elle menait contre eux ne pouvait manquer de susciter des inquiétudes du côté du Cameroun anglais. Mais l'idée de réunification était forte des deux côtés. Il devenait donc impossible pour la France de ne pas reconnaitre ce fait. Elle se trouvait dans l’obligation de valider la réunification. Le régime Ahidjo et elle allaient à la réunification dans le but de détruire l'UPC et de ne plus lui donner les raisons de lutte (Réunification et indépendance qu'elle demandait étant acquises). Ils ont fait exactement le contraire de ce que demandaient les nationalistes de l’UPC. Ils ont d’abord donné l’indépendance au Cameroun français. Chaque Cameroun a donc eu son indépendance. C’est donc deux territoires indépendants qui étaient désormais appelés à collaborer, chacun cherchant le mieux à préserver son indépendance.
- La trahison de l'ONU
Le Cameroun formait une entité politique unie confiée à l'administration de la France et de l'Angleterre qui devaient le conduire à son indépendance. Non seulement l'ONU est restée sourde à la longue guerre d'indépendance où la France a tour à tour assassiné tous les progressistes du Cameroun, mais elle organise en 1961 un plébiscite demandant au Cameroun anglophone d'être indépendant en se rattachant au Cameroun ou au Nigeria. Une telle question était une trahison. Le Cameroun anglais et le Cameroun français formaient une entité quand ils ont été placés sous l'administration de deux puissances distinctes. A l'indépendance, cette question du plébiscite ne devait pas se poser. Au contraire, l’Angleterre devait être rappelée à l’ordre quand elle dirigeait sa partie du Cameroun comme une partie intégrante de sa colonie du Nigéria. Le pays devait naturellement se réunir comme à la période allemande. Au sortir de ce plébiscite du 11 février 1961, le Northern Cameroun s'est rattaché au Nigeria tandis que le Southern Cameroun s'est rattaché à la République du Cameroun malgré une sinistre guerre civile qui y avait cours. L'ONU était décidée à faire perdre au Cameroun une partie de son territoire. Un premier plébiscite avait été organisé le 7 novembre 1959 pour demander au Cameroun britannique s'il souhaite se rattacher au Nigeria. Le Northern et le Southern Cameroons ont voté Non. Puisque les deux territoires avaient déjà refusé de se rallier au Nigeria, la possibilité du Nigeria ne devait plus apparaître au deuxième plébiscite du 11fevrier 1961. Le southern Cameroon qui se rattachait au Cameroun était donc très petit au niveau de la superficie, ce qui a poussé les autorités de Yaoundé à vouloir le phagocyter tout simplement en faisant table rase de la particularité qu’elle a acquise au cours de l’histoire.
- Le plébiscite du 11 février 1961
Au sortir du plébiscite, le Northern Cameroon (44 000 km2 et 687 100 habitants) se rallie au Nigeria, tandis que le Southern Cameroon (42 000 km2 et 753 000 habitants) se rattache au Cameroun indépendant. Le 1er juin 1961, journée du verdict, sera déclarée journée de deuil national au Cameroun.
- La conférence constitutionnelle de Foumban: la base du désaccord
C’est le premier grand creuset de la crise. Elle n’a pas posé de manière claire les bases de la future Nation réunifiée. Elle réunissait, autour d’une même table, des délégués du Southern Cameroon conduits par leur premier ministre John Ngu Foncha et les délégués du Cameroun francophone, conduits par leur président Amadou Ahidjo. Un grand désaccord va naitre de cette conférence constitutionnelle. Les leaders anglophones se sentiront trompés par cette conférence.
· Les anglophones venaient pour discuter et élaborer la constitution fédérale, comme ils avaient fait au Nigeria avec les constitutions Richards, Macpherson et Littleton. Ils s’étaient réunis et avaient discuté de tous les points de la constitution et l’avaient rédigés ensemble, point par point, avec d’autres représentants du Nigéria et de l’Angleterre. Mais à leur surprise, la partie francophone dépose le projet de constitution d’une république fédérale déjà rédigé, avec le concours des juristes français. Les délégués anglophones étaient pris au piège. Ils n’avaient pas été informés de cette procédure. Au lieu de discuter de la constitution, ils devaient juste amender celle de la délégation francophone. Ils avaient imaginé l’organisation de nouvelles élections où tous devaient postuler, ce qui a été exclu. Le président fédéral restait Ahmadou Ahidjo. Au consensus de Bamenda du 26 au 28 juin 1961 que les leaders anglophones avaient organisé pour préparer la conférence constitutionnelle de Foumban, ils avaient juste ébauché les grands points qui devaient faire partir de la constitution. Ils voyaient une constitution calquée sur le modèle anglo-saxon, la conservation de l'autonomie du Southern Cameroon qui devait assurer l'ordre et la sécurité sur son territoire, la non violation du territoire du Southern Cameroon par l'armée de la république du Cameroun, le maintien de la force britannique dans le Southern Cameroon jusqu'à ce que cette partie du Cameroun soit capable de constituer une force de police capable de contrôler cette partie du territoire. Bref, ils insistaient sur le respect de leur indépendance. Pour eux, le fédéralisme était une étape vers leur véritable indépendance. Le projet de constitution de la délégation francophone les laissait perplexes.
· Le refus d'accorder les 3 semaines demandées par la délégation anglophone. Devant cette situation, les leaders anglophones demandent 3 semaines pour étudier le projet de constitution à eux soumis. Mais reçoivent plutôt 3 jours. Tandis qu'ils étudient le projet, la délégation francophone festoie, ce qui ne détend pas une atmosphère déjà assez tendue.
· Les tensions. La délégation anglophone menace de boycotter la conférence. Endeley affirme: “too much haste would far-reaching consequences on the people of the Cameroon." (autant de précipitations aura des conséquences sur le peuple camerounais). Namasso Mbile gronde:"We have the feeling that we have wasted our time coming here for the draft... This is in total contradiction to our expectations. Instead of a draft of a federal Constitution, we have been requested to make observations on a draft highly centralized Constitution with unlimited powers. (Nous avons le sentiment d’avoir perdu notre temps en venant ici pour l’ébauche de constitution... Ceci est en totale contradiction avec nos attentes. Au lieu de l’ébauche de la constitution fédérale, nous avons été appelé à donner nos observations sur l’ébauche d’une constitution hautement centralisée, avec des pouvoirs illimités.)
· Deux manières de gérer. A la conférence de Foumban, s’affrontent deux manières différentes de gérer qui allaient cohabiter et s’affronter. Ces deux manières ne peuvent pas cohabiter sans heurt. La partie francophone était l’expression d’une dictature tandis que la partie anglophone était plus démocrate. La délégation francophone est exclusivement gouvernementale, et Ahmadou Ahidjo était le seul à parler. Il n’y avait pas d’opposants. La délégation anglophone était composée du gouvernement et de l'opposition du Southern Cameroon, et chaque représentant prenait la parole pour dire ce qu'il pense. La crise anglophone actuelle est aussi l’affrontement de ces deux méthodes de gestion. Les anglophones se trouveront tous englués dans ce système dictatorial qui caractérisait le Cameroun francophone. Ils ne devaient pas facilement digérer cette situation et auront un grand sentiment de gêne.
· L'absence de la Grande Bretagne et de l'ONU. A la conférence de Londres du 10 au 13 octobre 1960 à la demande de John Ngu Fontcha, le secrétaire d'Etat anglais aux colonies avait promis assister le Southern Cameroon lors de la conférence constitutionnelle. La résolution des Nations Unies A/C.4/4685 du 18 avril 1961 recommandait la présence des Nations Unies et de l'Angleterre pour assister le Southern Cameroon lors des négociations, la formation d'un groupe de 3 experts constitutionnels et administratifs pour planifier la rencontre. Ahmadou Ahidjo a planifié seul la rencontre de Foumban. Au lieu d'une grande conférence nationale ou une table-ronde, il a opté pour un dialogue avec les représentants du Southern Cameroon. La Grande Bretagne et l'ONU ont boycotté cette conférence dont tout avait été décidé par Ahmadou Ahidjo, laissant le Southern Cameroon seul face au régime d’Ahidjo.
· Les intentions différentes lors de la conférence. Pour la délégation francophone, il était question de célébrer le retour des habitants du Southern Cameroun au pays. Autrement dit, accueillir un frère avec qui on s’est séparé pour longtemps. Pour les anglophones, il fallait dresser les bases d'un État fédéral.
· Le non-respect de beaucoup d'amendements de la délégation anglophone (transfert de la capitale fédérale à Douala. Yaoundé et Buea étant des capitales des États fédérés, le retour à l'appellation Kamerun renforçait la méfiance des anglophones et renforçait en même temps le sentiment qu’ils ont été floués à Foumban.
· Ahmadou Ahidjo était en position de force, de par le poids économique du Cameroun francophone, sa population, et le fait que c'est lui qui assurait la sécurité de la délégation. Foumban étant situé à côté de la région bamileke en guerre. D'ailleurs en choisissant Foumban, Ahidjo voulait prouver au monde qu'il contrôle son territoire au point de faire une grande conférence à Foumban (mais Foumban est aussi proche de la base militaire de Koutaba. En cas d'attaque, Koutaba pouvait facilement intervenir).
Donc, la conférence de Foumban avait échoué et posait les bases de la guerre civile actuelle. Elle sapait la construction d’une réelle identité camerounaise. Dans un même pays, il y a deux systèmes juridiques, deux systèmes éducatifs, deux langues officielles importées, calquées sur les deux entités.
- Le rôle d’Ahmadou Ahidjo : De l'Etat fédéral à l'Etat unitaire
Les accords de Foumban consacrent l'Etat fédéral. En 1972, Ahmadou Ahidjo, président de la République fédérale organise le référendum pour faire passer le Cameroun de l'Etat fédéral à l'Etat unitaire. La République fédérale du Cameroun devient République unie du Cameroun. Les parlements en gouvernements fédérés sont dissous. Au lieu de 2 étoiles marquant la réunification de deux États, il y a désormais une seule étoile. Les anglophones, qui jusque-là avaient accepté la débâcle de Foumban, commencent sérieusement à s'inquiéter. Des tendances sécessionnistes qui existaient depuis 1961 commencent à se structurer au Cameroun anglophone. La date du 20 mai 1972 est célébrée comme fête de l’unité nationale, contrairement à la date de la réunification qui devait être célébrée. Les anglophones parlent de plus en plus d’annexion du Cameroun britannique par la Cameroun français.
- Paul Biya, l'homme qui vient créer la guerre civile
Paul Biya décide, sans référendum, de faire passer la République unie du Cameroun à la République du Cameroun. Pour les anglophones, ils ont été assimilés. C'est la colonisation. Avant la réunification, le Cameroun francophone s'appelait République du Cameroun. En revenant à République du Cameroun, Paul Biya les montre ouvertement qu’ils ont été phagocytés. Le bilinguisme est resté sur les papiers. Dans les bureaux, les anglophones ont du mal à s'exprimer en français. La constitution stipule que les deux langues officielles sont égales. Mais dans la pratique, le français est dominant. L'extrême centralisation des pouvoirs à Yaoundé les oblige à aller à la capitale faire signer leurs documents officiels, or la capitale est à plus de 90% francophone. Ils doivent se débrouiller pour parler le français. Dans certains bureaux administratifs, ils sont expulsés parce qu'on ne les comprend pas. La société n'est pas aussi clémente envers eux. Pour se maintenir, le régime de Paul Biya a divisé les populations du Cameroun. Aux anglophones, on dit généralement qu'ils sont gauches (pas pour dire qu'ils sont socialistes, mais qu'ils ne réfléchissent pas). De telles attitudes frustraient déjà les anglophones. Officiellement, il est reconnu et enseigné que le Cameroun est indépendant le 1er janvier 1960 (date d’indépendance du Cameroun francophone), or le Cameroun anglophone lui est indépendant le 1er octobre 1961. Sa date d’indépendance passe donc inaperçu dans la République. Aucun évènement pour la commémorer, ce qui accentue la sensation d’être colonisés.
- La création du SCNC en 1995
En 1990, le refus du Gouvernement de légaliser le premier parti le Social Democratic Front (SDF) dirigé majoritairement par les anglophones provoque des manifestations violentes dans le Nord-ouest du pays. Bien que ce soit un évènement national, certains anglophones s'y basent pour exprimer leurs frustrations. En 1995 est créé le Southern Cameroon National Council (SCNC) qui milite pour l'instauration d'une République autonome du Southern Cameroon. Le 30 décembre 1999, des individus se réclamant du SCNC prennent la chaîne nationale (CRTV) à Buea et proclament l’indépendance du Southern Cameroon le 1er Janvier 2000. Le 8 janvier 2000, le drapeau indépendantiste est hissé dans la ville de Limbé. De violents affrontements opposent l’armée et les sécessionnistes anglophones du Nord-ouest à Bamenda et à Kumbo. Le 1er octobre 2000, les manifestants envahissent les rues de certaines villes anglophones pour célébrer l’indépendance du Southern Cameroon. En 2001, la tension augmente avec la répression de l'armée qui parvient à maintenir l'ordre. La répression créée d'avantage de frustrations.
- La plainte des anglophone
Certaines organisations du Cameroun anglophone portent plainte contre la République du Cameroun à la Commission Africaine des Droits de l'homme et des peuples en 2003 et 2007 pour domination, refus de reconnaissance du statut de peuple, colonisation et oppression. La commission valide les chefs d'accusation et recommande au Cameroun d'ouvrir un dialogue constructif pour résoudre le différend qui l'oppose à la partie anglophone du pays. (Verdict 267/2003). Bien évidemment, la République du Cameroun n’engage aucune initiative dans ce sens. Ce refus de discussion fait de plus en plus comprendre aux anglophones que la seule option risque d’être militaire, mais ils ne sont pas résolus. Tout ce qu’ils veulent c’est discuter, être plus respecté dans la République.
- L'incompétence de Paul Biya entraine la guerre: le sang anglophone coule
Depuis plus de 5 ans, les anglophones demandent au régime de traduire les textes OHADA en anglais, ainsi que certaines lois. Le régime fait la sourde oreille. Le 11octobre 2016, les avocats anglophones décident de faire une grève pour demander au gouvernement de traduire ces textes, ils refusent l'application du code civil francophone dans les juridictions des régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest qui sont anglophones. Le gouvernement envoie les forces de l’ordre qui brutalisent les avocats. Le 21 octobre de la même année, les enseignants anglophones font grève pour s'opposer à la prédominance de leurs homologues francophones dans l'éducation. Leurs plaintes datent également de longtemps. Nouvelle répression du gouvernement. Arrestations arbitraires, violence policière... Cette grève cumule avec celle des avocats et commence à susciter des tensions au niveau du peuple qui se joint aux enseignants. L'armée tire à balles réelles et fait des victimes. Le SDF parle de 4 morts. L'apothéose arrive avec les étudiants de l'Université de Buea qui décident de s'opposer au fait que leur vice-chancelor Nalova Lyonga leur oblige à payer les pénalités de 10000 frs CFA supplémentaires quand ils paient leur scolarité en retard, ce qui n'est pas le cas dans les autres universités camerounaises. Ils demandent aussi leurs primes de l'excellence promus par le président de la République. Nouvelle répression. Les étudiants sont malmenés, torturés et parkés dans les voitures des forces de l'ordre comme du bétail. La population se révolte contre de tels traitements et entre dans la rue. L'armée tire et tue des civils et des étudiants. Un consortium se met sur pied et décide des villes mortes (Ghost town). Cette méthode est pacifique et constitue une réaction à la barbarie gouvernementale. Le consortium est dissous par le gouvernement, ses leaders sont arrêtés. Le gouvernement se réunit pour affirmer qu'il n'y a pas un problème anglophone au Cameroun. Les villes mortes continuent pendant plus de 8 mois. Le gouvernement n’engage pas une action sérieuse de nature à désamorcer la crise. Il maintient son caractère autoritaire. Après plus de 8 mois de villes mortes, certains leaders anglophones se radicalisent et mettent sur pied une branche militaire: les amba-boys. Les images sont publiées sur les réseaux sociaux pour amener le gouvernement à tenir compte de leurs revendications et à ouvrir les négociations. Comme d'habitude, le gouvernement fait la sourde oreille. Depuis le début de la crise, les francophones n'avaient pas montré une véritable solidarité avec leurs compatriotes anglophones, ce qui les pousse à envisager la séceession. En septembre 2017, le drapeau ambazonien est monté partout au Nord-ouest et au Sud-Ouest. Les radicaux déclarent l'indépendance de l'Ambazonie. Le gouvernement envoie l’armée maintenir l’ordre et la guerre débute.
Dans cette longue guerre, le gouvernement fait preuve de barbarie. L'armée brûle les villages, tue les civils. Après les pressions nationales et internationales, il a organisé un Grand Dialogue National où les chefs de la sécession en prison ne sont pas conviés. Au lieu de discuter directement avec ceux contre qui il se bat (les amba-boys), le gouvernement a fait un melting pot où se trouvent les religieux, les politiciens du gouvernement et de l’opposition, les personnalités publiques, les organisations de la société civile. Les rebelles ont été invités comme n’importe qui à participer à ce Grand Dialogue National. Au lieu de discuter de la question, des commissions ont été mises sur pied pour réfléchir et faire des propositions sur divers plans de la vie nationale. Donc le dialogue n’était sincère. Le gouvernement voulait montrer au monde qu’il a envie de paix. En réalité, il n’a jamais eu envie de négocier. Sa logique, comme celle de presque toutes les dictatures, est d’exterminer les rebelles jusqu’au dernier, et les contraindre par la force à déposer les armes, et donner à toute personne qui oserait les imiter un message clair de violence. Mais sur terrain, les rebelles tiennent tête. Pour la LIMARA, nous sommes en face d’une guerre fratricide. Tout en nous opposant à toute idée de sécession, nous comprenons les raisons de la rébellion anglophone et appelons une fois de plus le gouvernement à ouvrir un dialogue sincère avec les rebelles, qui sont les enfants de la République. Nous pouvons nous assoir autour d’une table et penser notre pays, telle est la logique de notre parti politique.