Les truands au pouvoir en Afrique : l’origine d’une tragédie programmée

Blog Single
Le drame politique que traverse l’Afrique depuis les indépendances ne relève pas du hasard. Il est le fruit d’un complot historique, minutieusement ourdi, dont les acteurs principaux ne sont ni les peuples africains ni leurs représentants légitimes. Il s’agit d’un système bien huilé, porté par des puissances coloniales qui n’ont jamais eu l’intention de quitter véritablement le continent. Elles ont simplement changé de méthodes, troquant la domination directe contre une mainmise par procuration, incarnée par des présidents illégitimes, sans vision, sans projet, sans légitimité populaire. Ces hommes, que je qualifie sans trembler de truands politiques, n’ont pas accédé au pouvoir pour le peuple, mais contre le peuple, avec pour mission de prolonger le joug colonial sous un masque de souveraineté.

I- Le mirage des indépendances et le sabotage des nationalismes
L’Afrique des années 1950-1960 était en pleine effervescence. Partout, des nationalistes portaient la voix du peuple, rêvaient d’un avenir grand, digne, libéré des chaînes coloniales. Ils formaient des mouvements structurés, porteurs d’un projet de civilisation, d’un dessein historique. Mais face à eux, deux autres catégories d’Africains occupaient la scène politique : les carriéristes politiques, qui n’avaient pour seul objectif que l’ascension sociale personnelle, et ceux qui, n’ayant jamais nourri l’ambition de diriger, se sont retrouvés promus par la volonté étrangère.
Lorsque la pression populaire et internationale força les puissances coloniales à annoncer leur retrait, elles décidèrent de partir en restant. Et pour cela, une condition était nécessaire : saboter l’avenir de l’Afrique en détruisant les mouvements nationalistes, en affaiblissant leurs leaders, en marginalisant leurs idées. À leur place, furent imposés les plus dociles, les plus malléables, les plus déconnectés des aspirations populaires. Ainsi, naquit une classe politique parasitaire, soutenue par les anciennes puissances coloniales et protégée contre son propre peuple.

II- Des présidents sans peuple, au service de l’étranger
Ces présidents n’ont jamais tiré leur légitimité du peuple. Leur pouvoir n’émane ni des urnes ni de la volonté populaire, mais des ambassades, des officines coloniales et des accords secrets signés sur le dos des nations. C’est pourquoi ils ne rendent aucun compte à ceux qu’ils gouvernent. Bien au contraire, ils considèrent le peuple comme une menace. Car ce peuple, affamé, humilié, trahi, exige des comptes, interpelle, dénonce. Et face à lui, la seule réponse qu’offrent ces régimes, c’est la répression, la division, l’arbitraire.
Ces présidents sont devenus les ennemis déclarés de leur propre peuple. Ils gouvernent par la peur, par la violence et par la manipulation. Leur objectif n’est pas de construire, mais de conserver un pouvoir confié par les puissances étrangères. Ils répriment les mouvements progressistes, infiltrent et divisent la société, détruisent les contre-pouvoirs, corrompent les intellectuels, enrôlent les journalistes, vident les caisses de l’État et offrent les ressources nationales aux intérêts néocoloniaux. Ils transforment les parlements en salles d’applaudissements, organisent des mascarades électorales, et achètent les consciences avec l’argent public.

III- Les exceptions héroïques : résistances africaines et espérance panafricaine
Mais ce schéma n’a pas triomphé partout. Certains pays ont vu émerger de véritables leaders progressistes, porteurs de visions puissantes : Patrice Lumumba au Congo, Thomas Sankara au Burkina Faso, Sékou Touré en Guinée, Modibo Keita au Mali, Sylvanus Olympio au Togo. Aujourd’hui, la lueur renaît avec les présidents de l’AES, porteurs d’un projet de souveraineté réelle.
Dans tous ces cas, la réaction néocoloniale a été violente : assassinats, coups d’État, rébellions armées, sabotage économique, guerre de communication. La France, notamment, s’est acharnée à maintenir son système de domination par tous les moyens. Ces leaders progressistes ont payé le prix fort de leur engagement, mais leur combat continue d’inspirer les peuples libres.

IV- L’erreur du peuple : attendre le salut de ses bourreaux
L’un des plus grands drames de l’Afrique postcoloniale, c’est d’avoir cru que ces présidents, imposés de l’extérieur, allaient servir l’intérêt général. On a attendu du coq qu’il aboie, de l’éléphant qu’il vole. Ce sont des chargés de mission, et leur mission n’est pas de bâtir des nations prospères. Ils sont là pour maintenir un ordre injuste, pour saboter l’avenir, pour dilapider les richesses et réprimer toute velléité de changement.
Ils recrutent de faux progressistes à qui ils offrent quelques miettes de pouvoir, achetant leur silence. Ils paient les intellectuels les plus véreux pour justifier leur trahison. Et chaque franc volé à la nation est un hôpital qui ne sera pas construit, une école qui ne verra pas le jour, un emploi qui ne sera pas créé.

V- Le Cameroun : deux cas d’école
Parmi les cas les plus douloureux, se trouvent Ahmadou Ahidjo et Paul Biya. Le premier, imposé par la France, a méthodiquement éliminé les leaders nationalistes camerounais. Il n’a laissé aucun espace pour la liberté, aucune place à l’alternative. Son successeur, Paul Biya, a hérité du pouvoir comme on hérite d’une entreprise familiale. Dès son accession, le Cameroun est entré dans une crise économique dont il ne s’est jamais relevé. Il a dilapidé les ressources, contracté des dettes pour enrichir ses proches, privatisé les entreprises nationales, et laissé le pays exsangue, ruiné, humilié.

VI- La voie du salut : soutenir l’AES et renverser les imposteurs
Il est temps que les peuples africains ouvrent les yeux. Ces présidents ne sont pas nos alliés. Ce sont nos adversaires, nos oppresseurs, les courtiers des puissances néocoloniales. Il ne faut rien attendre d’eux. Il faut les contester, les chasser, les remplacer par de véritables patriotes progressistes, portés par le peuple, pour le peuple.
Le modèle AES nous montre la voie. L’unité, la résistance, la rupture avec les oppresseurs, l’affirmation de la souveraineté. C’est cette dynamique qu’il faut soutenir sans réserve. L’Afrique doit s’unir, se libérer, et désigner enfin ses propres dirigeants. Des dirigeants enracinés dans la terre africaine, porteurs de notre histoire, de nos douleurs et de nos espoirs.
Le temps n’est plus à la résignation. Il est à l’action. À bas les truands imposés. À bas le néocolonialisme.