Note de lecture : OUVRAGE : Les 7 péchés d’Hugo Chavez AUTEUR : Michel Collon
Les 7 péchés d’Hugo Chavez est un livre de Michel Collon, écrivain Belge et journaliste d’investigation, qui comporte 408 pages et 20 chapitres, sorti des presses en 2009, est d’une lecture fort simple, captivant et d’un style narratif, basé sur des contacts avec les acteurs, ce qui le rend hautement fiable s’il en était besoin, on a dans les mains les fruits d’une enquête de journaliste. Il va au-delà de ce que le titre laisse présager pour donner des informations qui bien utilisées peuvent rendre un grand service aux africains qui ont du reste subi la colonisation au même titre que les latino-américains. C’est ainsi qu’il ouvre un pan de voile sur les activités scandaleuses et maffieuses des multinationales et les ONG US, pour ceux qui se font encore des illusions sur les desseins des impérialistes, ils auront tout simplement froid au dos, le récit est précis et fondé exclusivement sur des faits et déclarations des principaux concernés. Il parle du Venezuela qui est un pays ayant de nombreuses similitudes avec le nôtre, d’où le double intérêt que présente la connaissance de cet ouvrage, c’est un pays qui a 26 millions d’habitants, juste un peu moins que le Cameroun, des terres fertiles et parmi les premiers producteurs de pétrole au monde mais qui a souffert des privatisations qui n’ont profitées qu’aux multinationales US. C’est un véritable livre de chevet pour tout Africain qui se demandait encore pourquoi l’Afrique, si riche est pauvre, ou alors qui se demandait comment faire pour sortir de ce pétrin ?
Quels sont les 7 péchés de Chavez ? Le premier est d’avoir alphabétisé son peuple en 2 ans à travers la campagne Yo si puedo (Oui je peux), soit près de 1,5 millions de personnes, faisant passé le taux d’analphabètes à 1% de la population, soit très loin en dessous du planché de l’UNESCO qui est de 4% pour un pays dit alphabétisé. Chavez sait mieux que quiconque qu’un peuple mal éduqué est facile à manipuler. Les impérialistes savent qu’un peuple éduqué peut bien comprendre les méthodes utilisées pour le pillage des richesses. « En général, on considère que les dictateurs n’ont pas d’intérêt à ce que leur peuple sache lire, écrire et développer l’esprit critique .» dit Michel Collon. Avec Chavez, on passe d’une éducation vue comme marchandise à une éducation comme solidarité et plus humaine. Aujourd’hui, la solution Chavez a marché et le budget de l’éducation est de 9% PIB, tout le contraire de ce que proposent le FMI et la BM. En Asie 1 jeune sur 2 est analphabète et en Afrique noire, 1 jeune sur 4 l’est. Chavez sort des discours pour faire de l’écriture qui est un miracle, un droit fondamental de l’homme.
Le deuxième péché est d’avoir offert la santé à son peuple. Avant Chavez, 2/3 de la population n’avaient jamais consulté un médecin ni avoir un vaccin. La santé était une marchandise et non un droit. Dès 1999, la santé devient un droit fondamental et inscrit dans la constitution. En 2003, il reçoit 58 médecins de Cuba qui engagent la campagne Libertador. En 2004, il reçoit 18.000 médecins et aides-soignants cubains dévoués et chevronnés. Cette mission doit sa réussite au dévouement des cubains, à la détermination de Chavez et au financement de l’Etat. 17 millions de vénézuéliens ont profité de ce système de santé grâce au refus de la dictature du fric en médecine.
Son troisième péché, c’est qu’il croit que chacun peut manger à sa faim : Les Casa de alimentacione sont des restaurants populaires où tous ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir peuvent avoir un repas complet par jour. Les supermarchés US ne peuvent plus vendre la production subventionnée venant des USA avec ce programme qui encourage la production locale. Les élèves de la maternelle à l’université ont trois repas par jour à l’établissement. Un enfant qui a faim a une mémoire et une attention faibles et ne saurait bien apprendre. Selon le FAO, un enfant meurt de faim toutes les 5s sur la planète alors qu’on produit 110%des besoins, il faut juste 24 milliards dollars pour vaincre de moitié, soit 10% de la fortune des dix américains les plus riches. Grace aux casa, il y a de moins en moins de mendiants à Caracas qu’à New York ou Paris.
Son quatrième péché est de changer la relation entre les pauvres et les riches. Les riches ne sont plus les seuls à avoir accès aux besoins élémentaires et de base d’un homme que sont la santé, la nourriture et l’éducation.
Son cinquième péché est de donner une autre vision de la démocratie. Pour Chavez, la démocratie doit aller au-delà du bulletin de vote, il aide le peuple à se débarrasser de lui. Pour cela, la démocratie doit être participative et représentative. Représentative pour la présence effective des couches marginalisées que sont les femmes, les jeunes et les indiens et participative pour le contrôle effectif des élus. La démocratie c’est la volonté populaire et non plus un gadget brandi pour mieux piller les ressources pendant que le bas peuple se meurt. Au Venezuela, il y a le referendum révocatoire à mi-mandat pour avoir l’avis du peuple. Hugo Chavez s’en est tiré deux fois contrairement à bien de ses homologues occidentaux.
Son sixième péché est de ne pas se soumettre au pouvoir des médias. La bourgeoisie contrôle 99% des médias du pays constitués exclusivement des agents au service des intérêts US et dont qui matraquent les populations avec des informations allant dans le seul panier US. Telesur, la chaine latino- américaine lancée en 2006 au Venezuela vient rompre cette monotonie. « Allo, President ? » est une émission qui permet à Chavez d’avoir deux heures en direct à la télévision et donc d’utiliser le pouvoir des médias pour être plus près de son peuple, l’écouter et lui répondre. Voici la liste des multinationales US qui ont investi huit milliards $ pour diffuser des tracts anticommunistes : Ford, GM, Goodyear, Alcoa, Pfizer, Dupont, Cargill, Coca-Cola ,Kraft, Novartis, Shell, Nestlé, Jonhson & Jonhson, Citibank, Colgate Palmolive et Owens Illinois. Nestlé a bloqué 1 million de litres de lait pour attendre la hausse des prix lorsque Chavez organisait le referendum révocatoire pour provoquer une hausse des prix et mécontenter les mamans. Le Venezuela a la septième réserve mondiale de pétrole et est le principal fournisseur de pétrole US, entre 15% et 19% selon le mois.
Le septième péché est que Chavez tient tête aux USA. Chavez a dit non à l’ALCA (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) dominé par les USA dès 1999 et l’ALBA (Cuba, Venezuela, Nicaragua, Bolivie) est l’alternative bolivarienne pour l’Amérique où les échanges se font sous forme de troc, c’est aussi la solidarité au service du développement. Mercosur est également une bonne manière de tenir tête aux USA mais dans lequel le Venezuela ne peut pas entrer sur ordre de Washington. Chavez a permis à 80.000 vénézuéliens de retrouver la vue (en 8 mois) en 2004 gratuitement grâce au programme Miracle ou Opération Milagro. Pour éviter les prêts intéressés et qui aboutissent généralement à l’affaiblissement les pays qui les reçoivent, Chavez propose la création de Banco del Sur (Venezuela, Argentine, Brésil, Equateur, Paraguay et Uruguay), ceci permet « d’échapper au contrôle des organismes internationaux et donc des Etats-Unis. »
Voilà donc probablement pourquoi Hugo Chavez a toujours été taxé de dictateur par les médias occidentaux et notamment US. Le coup d’état d’avril 2002 contre lui et orchestré par les USA a échoué grâce à l’intervention des populations. Il a même payé finalement par sa vie avec ce cancer de la gorge dont Dieu seul sait qu’il n’est pas aussi naturel que cela. Dieu merci, comme tout bon révolutionnaire, la relève a été bien préparée, Maduro tient bien le gouvernail et tant mieux pour la révolution bolivarienne.