En finir avec la promotion collective et la baisse de niveau des élèves dans notre pays

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Les autorités et même la plus haute autorité de notre cher pays insistent régulièrement sur la nécessité de la meilleure formation de la jeunesse (socle du développement). Pourtant, la promotion collective et la baisse drastique du niveau des apprenants se portent paradoxalement comme un charme dans notre système éducatif.

                          Un constat ahurissant 

      On pourrait être ahuri, même si on n’est pas un  professionnel de l’éducation, d’apprendre que  des écoliers sont autorisés à partir d’un niveau à l’autre, sans une connaissance des rudiments nécessaires ; que des élèves débarquent en classe de 6e et ne sont pas aptes à écrire correctement leurs propres noms ; ou encore que bon nombre de parents sont désormais étrangement surpris de la réussite de leurs enfants au B.E.P.C par exemple. En effet, nombreux sont les élèves qui sont exclus pour travail (moyenne annuelle inférieure à 07,50/20) en fin d’année scolaire, mais parviennent  de manière surprenante  à obtenir «  leur BEPC » la même année scolaire. C’est la preuve que quelque chose d’anormale se serait  produit. Ces diplômés d’un autre genre refusent de reprendre la classe de 3e avec « leur BEPC » en poche et sont par conséquent «  promus  collectivement » en classe de 2nde, soit dans le même établissement ou dans un autre. Notons en passant que cette classe de 2nde est considérée par ces élèves comme étant une classe de repos et que beaucoup d’enseignants mal avertis et assassins du savoir les aident à aller en 1ère en « vendant » des notes : c’est le parachutage. Les classes de premières sont alors devenues des fourres tout ou des melting-pots. Comment peut-on comprendre le fait que beaucoup d’établissements scolaires passent régulièrement d’un taux de 5% voire 0% à l’examen blanc, à celui de 50% et plus à l’examen officiel en l’espace d’un mois seulement ? La réponse la plus simple est que « l’esprit de la promotion collective » s’invite aussi à la délibération. Les familles et les établissements scolaires, adeptes des records peuvent festoyer après la publication des différents résultats d’examens officiels, mais le professionnalisme et surtout le patriotisme nous imposent un regard et  une analyse différents face à ce phénomène. En fait, qui trompe-t-on ?

        Certains parents avertis et quelques chefs d’établissements patriotes et «  véritables maîtres »  n’adhèrent pas à ce culte de la médiocrité dénommée promotion collective. Mais combien sont-ils ?

                Des conséquences et des conditions de réalisation existent

La conséquence directe de cette pratique est la baisse de niveau des élèves et étudiants, la compromission de la formation de qualité recherchée et immanquablement de l’émergence du Cameroun. Il est vrai que la promotion collective peut être pratiquée dans un système éducatif. Mais c’est trop facile d’aller en Occident faire un « copier-coller »partiel de la promotion collective. Nous sommes tenus de reconnaître que des conditions préliminaires existent: la réduction des effectifs par classe et par enseignant, l’amélioration des conditions d’apprentissage et de travail des enseignants, l’amélioration du niveau socio-économique des parents et des enseignants, les stages professionnels, etc. D’ailleurs l’assemblée plénière des Etats Généraux de l’Education de 1995 avait estimé que « Dans les conditions normales (qualité des enseignants, ratio élèves/maître acceptable, infrastructures et équipements adéquats, bonne motivation des enseignants, …), le système éducatif s’attèlera à terme à  éradiquer le redoublement au niveau de l’enseignement de base. »

     Nous sommes ou serons à coup sûr contraints de comprendre et d’accepter que la baisse de niveau est étroitement liée au torpillage des paramètres d’évaluation et des conditions normales d’apprentissage ou d’enseignement. Certains élèves « actuels » sont  comme des athlètes du saut en hauteur qui ne s’entrainent qu’en fonction du  niveau de la barre qu’ils sont appelés à franchir pour être vainqueurs. Ainsi au fur et à mesure que la barre est élevée, ils doivent effectuer une préparation adéquate et conséquente (donc fournir plus d’efforts) et par conséquent, augmenter leurs capacités. D’où  l’amélioration de  la qualité de la formation. La réaction contraire est automatiquement  attendue lorsque la barre est plutôt baissée. Ainsi beaucoup d’apprenants profitent de cette forme camerounaise  de promotion collective pour avancer quand bien même le niveau requis n’y est pas. Ils sont, à quelques exceptions près, comparables aux débris qui, malgré eux, sont  traînés par le torrent après une pluie diluvienne. Ceci au détriment  de la formation de qualité. Le célèbre humoriste camerounais Jean Miché Kankan n’a-t-il pas dit que « l’enfant est comme un liquide, et ne prend que la forme du récipient qui le contient ? »

     Notre pays est à l’aube de sa marche vers l’émergence qui nécessite une formation de qualité pour la jeunesse. La promotion collective  est donc inopportune ou mal appliquée. Nous pensons à juste titre que cette promotion collective et les délibérations de la honte sont deux « cache-sexes » qui voilent à peine les véritables problèmes de l’éducation dans notre pays. La solution ne viendra qu’avec tous les enseignants organisés au sein des syndicats. Tout porte à croire que nous nous perdons ou avons oublié la question essentielle : De quelle jeunesse avons-nous besoin pour un Cameroun émergent dans quelques années ?