Note de lecture de l'ouvrage La férocité blanche, des non-blancs aux non-aryens. Génocides occultés de 1492 à nos jours
Un mot sur l’auteur
Rosa Amelia Plumelle-Uribe est avocate afro-descendante originaire de Colombie. Née dans les années 1950, Il faut dire que sa naissance lui avait quelque peu labouré le terrain, ce qui n’écorne en rien son immense mérite puisque l’auteure descend de deux peuples qui ont servi de pâture à l’hyper violence occidentale blanche : les noirs Africains et les Amérindiens. Auteure très prolifique, elle a à son actif de nombreux ouvrages.
I.
L’exclusion des non-blancs ou la barbarie institutionnalisée
1. La destruction des indiens
La connaissance de l’Amérique par les européens du XVe siècle déclencha la manifestation d’un fascisme des temps modernes inégalé dans l’Histoire. Seulement les historiens ne parlent pas de fascisme mais de conquête et les noms des conquistadores furent gravés dans les annales de l’histoire. Ces européens n’apportèrent que mort et désolation pour les autochtones des Amériques. Il y avait en Amérique du nord, les indiens, sioux, Iroquois, comanches, Hurons, cherokees. En Amérique centrale, les Yucatan, mayas, aztèques, toltèques et en Amérique du Sud les chimu, incas, tucuna, tupi etc qui furent tous massacrés jusqu’au dernier homme à cause de l’immigration massive des européens.
Les mots fascisme (inscrit dans le dictionnaire en 1922 par rapport à Benito Mussolini) et Génocide (1948) décrivent et rendent compte d’actes très anciens de l’Histoire. En 1500, la population mondiale était de 400 millions dont 80 millions en Amérique. Au milieu du 16e siècle, de ces 80 il n’en reste que 10 millions. Au Mexique, la population à la veille de la conquête était d’environ 25 millions et en 1600 elle est d’1 million. Une destruction de l’ordre de 90% voire plus et une diminution de la population estimée à 70 millions d’hommes. Une hécatombe incomparable aux grands massacres du XXe siècle. Les élites sud-américaines descendantes des blancs et d’indiens (métisse) contribuent eux aussi à gommer cette histoire des indiens. Dans les années 1980, les manuels autorisés par le ministre de l’éducation colombien enseignaient aux élèves que l’histoire de leur pays commençait avec la « découverte ». C’est-à-dire l’arrivée des européens. Les trois périodes historiques enseignées à cette période sont :
§ De la découverte à la conquête, les européens avec l’esprit guerrier, courage téméraire ont pu tenir tête aux indiens cannibale avec flèches empoisonnées
§ De la colonie à l’indépendance, la période de générosité blanche, n’hésitant pas à mêler leur sang à celui d’indien, le viol des femmes et l’exploitation sexuelle deviennent des actes de grâce que l’enfant apprend en classe. Langue et religion deviennent des dons dont le pays conquis est redevable à son maitre.
§ De la république à nos jours
Bartholomé de Las Casas est connu pour son combat en faveur des indigènes d’Amérique mais n’est pas apprécié par des révolutionnaires qui lui reprochent de n’avoir jamais renoncé à l’évangélisation des indigènes donc, a rendu de grands services aux colonisateurs.
2. Une politique de destruction
Les comportements meurtriers qui ont inauguré la conquête du nouveau monde se sont poursuivis dans toute la période coloniale. Ces comportements devenant inhérent aux méthodes d’asservissement des colonisateurs marquent également le début de l’effondrement moral de la « race supérieure ». Ils ne faisaient pas l’objet de vives critiques aussi longtemps que le théâtre des atrocités se trouvait hors et loin de l’Europe.
Pendant la conquête, lorsque les blancs occupaient un village, les indigènes qui n’étaient pas massacrés étaient réduits en esclavage. Ainsi s’organisa le commerce de chair humaine des indiens entre les blancs possédant les grandes plantations qui les firent travailler à mort. A chaque changement de bourreau, la victime était marquée sur le visage au fer rouge de l’initiale de son nouveau maître. Le fait d’engrosser des femmes indiennes ou noires avait un double objectif : satisfaire ses besoins sexuels faute de femmes blanches et surtout faire monter le prix de vente de celles-ci sur le marché. Le pire c’est que ces blancs le faisaient en se vantant. Thomas Jefferson, un des pères fondateurs des USA (2e président) exploitait sexuellement comme tant d’autres négriers les femmes noires de sa propriété (propos de Las casas). Las Casas mentionne les conditions dans lesquelles les indigènes étaient transférés vers les mines, transformés en véritable camp de la mort.
Il y a quelque chose de stupéfiant dans l’homogénéité de comportement des blancs face aux non-Blancs. L’auteure par exemple affirme ceci : « des chrétiens rencontrèrent une indienne qui portait dans ses bras un enfant qu’elle était en train d’allaiter ; et comme le chien qui les accompagnait avait faim, ils arrachèrent l’enfant des bras de sa mère et, tout vivant, le jetèrent au chien qui se mit à le dépecer sous les yeux même de la mère… quand il y avait parmi les prisonniers quelques femmes récemment accouchées, pour peu que les nouveau-nés se missent à pleurer, ils les prenaient par les jambes et les assommaient contre les rochers ou les jetaient dans les broussailles pour qu’ils achèvent d y mourir » p. 43
A plus de deux siècles, le témoignage oculaire de J.G. Stedman nous prouve que rien n’a changé : « Ce récit au sujet de Mme S. montre qu’avec sa couleur de peau blanche, elle croit que tout est permis à l’encontre des non-Blancs. Elle aime le calme et le silence à bord du bateau, or le bébé de sa servante noire n’arrête pas de pleurer. Alors, elle fait la seule chose qui à son avis est efficace : elle commande à sa servante de lui apporter l’enfant qu’elle maintient sous l’eau jusqu'à ce qu’il soit noyé et qu’elle abandonne au courant »( pp 43-44). C’est la conviction d’avoir affaire à des êtres inferieurs qui poussera les blancs dans cet engrenage ou je te tue parce que non seulement tu es inferieur à moi, mais de plus, tu es un cochon et j’aide à nettoyer la société d’une part des ordures qui la contaminent.
3. Et la barbarie s’installe
Voici ce qu’écrit le dominicain Tomas Ortiz à propos des indiens au 16 e siècle : « Ils mangent de la chair humaine dans la terre ferme…il n’y a pas de justice chez eux. Ils sont tous nus, ils ne respectent ni l’amour ni la virginité, ils sont stupides et étourdis, ils ne respectent pas la vérité sauf quand elle leur profite… ils sont très ingrats et amis de la nouveauté… ils sont brutaux…chez eux, aucune obéissance, aucune complaisance des jeunes pour les vieux… ils sont incapables de recevoir des leçons. Les châtiments ne leur servent à rien… ils ne pratiquent aucun des arts, aucune des industries humaines. Quand on leur apprend les mystères de la religion, ils disent que ces choses conviennent aux castillans, mais qu’elles ne valent rien pour eux et qu’ils ne veulent pas changer leurs coutumes…Plus ils avancent en âge, moins ils s’améliorent. Vers l’âge de dix ou douze ans, on croit qu’ils auront quelque civilité, quelque vertu, mais plus tard ils deviennent des vrais bêtes brutes. Dieu n’a jamais crée de race plus remplie de vices et de bestialités, sans aucun mélange de bonté et de culture…les indiens sont plus bêtes que les ânes. » PP 47-48. Avec cette description, il est clair que dans la tête des blancs lisant cela tout est permis contre les indiens.
4. Une mémoire méprisée
Personne ne voudrait accepter être indiens après tout ce qui leur avait été fait. Par exemple, le général de Gaulle en Colombie dit être ravi de se trouver dans « un des pays les plus indiens d’Amériques », son auditoire est dépassé à l’entente de ces propos. Un enfant de la maternelle à Paris est pétrifié pour avoir suivi qu’il y a beaucoup d’indiens au Brésil son pays natal. Une femme de grand-mère indienne et de grand père français, après avoir eu avec un français un enfant Blond, a exclu la possibilité de faire un autre de peur qu’il ait les traits d’indiens et préfère adopter.
5. L’anéantissement des noirs
Apres que les européens aient détruit les indiens, l’urgence d’une main d’œuvre se posa avec acuité et très vite ils se tournèrent vers l’Afrique utilisant les mêmes méthodes de massacres.
6. Des univers concentrationnaires très voisins
Dans les camps établis par le national-socialisme (Nazisme hitlérien), n’importe quel SS (Section Spéciale), si insignifiant fut-il dans le parti avait droit de vie et de mort sur des milliers d’hommes qui lui étaient pourtant supérieurs. Même chose pendant l’esclavage. Des milliers d’hommes parce que noirs furent placés dans une situation de non droit et n’importe quel blanc si stupide fut-il était sensé avoir le droit de se faire obéir par les noirs n’ importe où et à n’importe quel moment. Même le plus arriéré des blancs possède des pouvoirs exorbitants sur les non-Blancs, si bien que le non-Blanc le plus sage doit obéissance et soumission au blanc le plus crétin. Le dénominateur commun ici est la terreur qui permit de paralyser chez les victimes la moindre velléité de résistance.
7. Des similitudes aveuglantes
On note dans les deux cas, des similitudes de terreur (PP 55-56) où on fait mourir des gens à petits feu (2 à 3 jours) en les mettant dans une cage et mettant tout autour, des objets pouvant blesser de telle sorte qu’en faisant un geste, la victime est blessée.
8. La destruction inévitable de l’univers concentrationnaire
Que ce soit en Amérique ou en Allemagne, le calcul de la quantité minimale de nourriture et d’hygiène qui permet aux victimes de fournir le travail attendu est présent. (PP 60-61). Les lois, arrêtés et autres étaient signés depuis la métropole et appliqués partout ou besoin se faisait ressentir.
9. L’homme marchandise
Utiliser le noir et s’en débarrasser quand il cesse d’être utile pour ne rien gaspiller. C’est vrai que les prisonniers athéniens travaillaient jusqu’à la mort dans les carrières de Syracuse mais l’analogie à 2000 ans de distance est consternante.
10. La participation des victimes
Il est assez pénible d’apprendre qu’en général, lorsqu’un blanc décidait de faire torturer un noir, le bourreau chargé de l’exécution était noir. Si ce noir veut intercéder pour le coupable, le châtiment est doublé.
11. Des victimes pour les chiens
Dans les deux univers concentrationnaires, le rôle des chiens était important. Les SS faisaient mordre les prisonniers par les chiens rien que pour s’assurer de la férocité de ceux-ci. Lors des travaux de construction forcés, les chiens étaient des gardiens et devaient dévorer les fugitifs. De même chez les esclaves en Amérique où le malheureux qui était choisi pour entrainer les chiens courait le risque d’être dévoré par ceux-ci.
12. La destruction des familles
Les blancs détruisaient les liens familiaux chez les victimes surtout quand l’enfant était très petit. Il était vendu à un maitre parfois pour résoudre de petits problèmes. Les idéologues et historiens ont fait penser que quand il y avait à l’origine de ces crimes la volonté d’en tirer un bénéfice, ils ne relevaient pas de crimes contre l’humanité.
13. Un système bien réglé
Un arsenal de mesures visait à régler la vie des non-Blancs jusque dans les moindres détails. Un noir ne pouvait se déplacer sans avoir l’autorisation de son maître. Un châtiment de 25 à 50 coups de fouet était prévu pour le noir pris en flagrant délit de lecture. L’homme de couleur coupable d’avoir aidé un fugitif recevait une punition allant de 100 coups de fouet la 1ere fois, la castration la seconde fois à la mort la troisième… Même étant affranchis, on devait être de nouveau réduit en esclavage, la famille comprise et vendu séparément. (P 79-81)
14. La race des seigneurs et ses lois
Les blancs avaient tout fait et réussi à faire partager aux victimes elles-mêmes le mépris qui les accablait. Les créoles avaient une haine pour les autres races et en même temps réclamaient leurs pères blancs et réclamaient les lettres de noblesse qui en résultaient. Oubliant que tout métier socialement valorisant ou économiquement intéressants furent interdits aux non-Blancs dans une volonté d’exclusion dont nous ne trouverons le pendant que dans les lois nazies, qui devaient exclure les juifs des métiers convoités par beaucoup d’Aryens.
15. Saint-Domingue, un haut lieu de la souffrance humaine
En 1791 a lieu l’insurrection de la population noire de Saint-Domingue. Les noirs, les armes à la main, mènent un combat désespéré. Toussaint Louverture devient leur chef et fixe comme objectif la liberté générale. Pour la première fois, un combat armé est victorieusement mené contre l’univers concentrationnaire d’Amérique. Dès la paix d’Amiens signée en 1802 entre la France et la Grande Bretagne, Bonaparte décide d’envoyer des troupes à Saint-Domingue pour remettre les noirs en esclavage. L’expédition arrive en février 1802. Menée par le général Leclerc, elle confronte un peuple debout et déterminé. Le 5 mai, les deux parties signent la paix et en Juin, Toussaint est arrêté malgré la paix signée.
16. Un prédécesseur et un précédent
Napoléon Bonaparte, le criminel qui gouvernait la France est à maints égards le prédécesseur français d’Hitler. Bonaparte était prêt à faire tuer quiconque lui parlerait de liberté pour les noirs ou les arabes. Après l’arrestation de Toussaint, ses généraux qui se révoltèrent, à l’instar de Paul Louverture, Maurepas, Dessalines et Christophe, furent traqués et tués avec toute leur famille pour que leurs enfants ne puissent pas les venger.
17. Les hommes de lumière à Saint-Domingue
Après la mort de Leclerc, Rochambeau le remplaça. Celui-ci fut l’un de ces français qui traversèrent l’Atlantique pour défendre les idéaux de liberté et transmettre l’esprit et le message des lumières en Amérique. Curieusement, il alla à St-Domingue pour briser la moindre tentative de liberté chez les noirs fut-ce par le biais de l’extermination à travers l’achat de 600 chiens. Voici par exemple une note qu’il envoya à l’un de ses généraux : « Je vous envoie, mon cher commandant, un détachement de 150 hommes de la garde nationale du Cap, il est suivi de 28 chiens… je ne dois pas vous laisser ignorer qu’il ne vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture des chiens. Vous devez leur donner des nègres à manger. » p.93
Les noirs durent se battre avec la force désespérée jusqu'à la proclamation le 1er juillet 1804 de la république d’Haïti qu’ils appelèrent « patrie des africains du nouveau monde et de leurs descendants. » Le nombre de la population est quitté de 900 000 au début de la révolte à 400 000 à la libération. Le 17 avril 1825, le roi de France et de Navarre par un décret demande aux habitants de st-Domingue de verser aux français la somme de 150 millions de francs destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité, car même si les nègres ont droit à devenir libres, il est incontestable que les colons ont droit à n’être pas ruinés par la liberté des nègres.
18. Des comportements très similaires
Ici, l’auteur fait allusion à l’action du roi des belges Léopold II qui, avant la conférence de Berlin a pu obtenir la reconnaissance par les grandes puissances du Congo comme sa propriété privée. Les indigènes congolais vivront ou crèveront au rythme des « nobles aspirations du roi des belges ». Le but déclaré, considéré comme philanthropique étant de mettre fin à l’esclavage et d’apporter la civilisation. Depuis la publication du livre, les fantômes du roi Léopold II, un holocauste oublié de Adam Hochschild, on sait désormais qu’à quatre siècle de distance, les comportements des agents du roi des belges présentent les mêmes caractéristiques que ceux des espagnols à l’égard des indigènes d’Amérique.
19. Une barbarie qui ne dit pas son nom
Georges Washington Williams, journaliste et historien nord-américain noir se rendit au Congo après 1885. Il rêvait de faire travailler les noirs des USA en Afrique parce qu’il pensait qu’ils auraient des opportunités, des promotions qui leur étaient refusées dans leur pays par les blancs. Un jour, le Président Chester Arthur, pour qui Williams avait fait campagne le mit en rapport avec un envoyé du roi Léopold et c’était pour lui une occasion de réaliser ses objectifs. Les noirs n’étant pas très enthousiastes, il voulut les assurer en allant sur le terrain en Afrique. Pendant 6 mois, Williams sillonne le Congo et ce qu’il découvre le terrifie. Il fait ce que personne d’autre n’avait osé en écrivant une lettre ouverte au Roi : « bon et grand ami, j’ai l’honneur de soumettre à la considération de votre majesté certaines réflexions à propos de l’Etat indépendant du Congo, fondées sur une étude minutieuse…votre gouvernement fait preuve d’une cruauté excessive envers ses prisonniers, les condamnant à être enchainés comme des forçats pour les délits les plus mineurs…les officiers blancs tirent sur les villageois, parfois pour capturer leurs femmes, parfois pour obliger les survivants par l’intimidation à travailler comme main d’œuvre forcée et parfois juste pour se divertir… l’administration de votre majesté est engagée dans le commerce des esclaves en gros et détail. Elle achète, vend et vole les esclaves. ».PP 100-101. Journalistes, homme d’affaires et fonctionnaires trouvèrent dans le pays de sa majesté une situation qui ne heurtait point leur sensibilité dès lors que les victimes étaient si différentes et forcement inferieures.
20. Encore la terreur
Le caoutchouc est de la sève coagulée, il provient d’un mot indien d’Amérique latine qui signifie « le bois qui pleure ». La recherche du caoutchouc par les congolais n’était pas facile et au fur et à mesure que la demande était élevée, les indigènes ne se bousculaient pas pour s’enfoncer dans les marécages de la forêt pendant plusieurs jours. Pour les obliger, il a fallu les chasser, les razzier, les enchainer solidement et à coups de chicotte, leur faire porter sur la tête ou sur le dos de lourds fardeaux. Hochschild cite un manuel d’instruction semi-officiel dont un exemplaire était remis à chaque fonctionnaire et à chaque poste de l’Etat chargé d’appliquer la terreur. Ce document détaillait les stratégies que ces derniers devaient utiliser pour obtenir ce qu’ils veulent auprès des chefs indigènes qui sont devenus leurs marionnettes par la force de la cruauté. Cette façon sinistre d’obliger les victimes à participer activement à leur destruction, nous la retrouvons en Europe sous domination nazie. La démarche des SS auprès des notables juifs, des peuples tombés sous leur domination cherchait le même résultat : s’assurer la soumission des communautés juives par le biais de leurs chefs et cela réussit dans tous les pays sous la botte nazie.
21. Un travail macabre
Dans l’administration du Congo, il y avait des indigènes enrôlés de force dans les troupes du gouvernement. Ces congolais avaient pour but de traquer et de massacrer d’autres africains. De peur que ces noirs ayant des cartouches se révoltent contre l’administration, une loi fit son apparition stipulant que l’utilisation de chaque cartouche devait se justifier avec la présentation de la main droite de la personne tuée. Des chefs locaux devaient après amputation des mains, les fumer pour les préserver du climat brulant et humide car des semaines s’écoulèrent peut être avant qu’ils puissent les montrer a la hiérarchie adéquate pour être récompensé. Plus de trois siècles et demi s’étaient écoulés depuis que Las Casas découvrit qu’en Amérique des espagnols pouvaient faire rôtir les chefs indiens, histoire de frapper les esprits et de rendre efficace la terreur. Il eût lui-même l’occasion d’assister à l’agonie de quelques chefs rôtis sur des grilles improvisées à leur intention. Nous savons aussi que dans les camps allemands d’extermination, les nazis organisaient des équipes chargées de « récupérer les dents et les objets en Or des victimes avant de les expédier vers les fours crématoires. Cette collecte était assurée par les Sonderkommandos qui travaillaient en coopération étroite avec les SS. Ces Kommandos étaient gazés et renouvelés tous les 4 mois.
Au Congo, dans certaines unités militaires, il y avait un « responsable des mains » dont son travail consistait à les fumer. Hochschild parle d’une information selon laquelle en 1896, 1308 mains coupées avaient été remises au triste célèbre commissaire de district Léon Fievez en l’espace d’une journée. En 1899 un officier du nom de Simon, Roi ignorant qui parlait à un missionnaire, fit l’éloge des commandos de la mort qui étaient sous ses ordres en disant qu’ils avaient tiré 6 000 cartouches ce qui équivaut à 6 000 personnes tuées et plus car ces soldats tuaient fréquemment des enfants à coups de crosse.
22. Une transformation sans frontières
L’exemple du Père Labat est significatif car celui-ci débarquant à la Martinique avait de la compassion pour les nègres qui portaient sur le dos les marques de coup de fouet. Très vite, il devint le parfait bourreau dont a besoin tout pouvoir fondé sur la terreur. Aussi en juin 1941, avec l’invasion de l’Union Soviétique, l’extermination massive et systématique des civils juifs, bolcheviques crée les difficultés aux responsables nazis. Von Dem Bach, chef suprême des SS et de la police souffrit de troubles stomacaux et intestinaux qui, d’après son docteur étaient dus aux tueries des juifs en cascade qu’il organisa. Ceci ne l’empêcha pas d’aller jusqu’au bout de sa mission. L’exemple de Rochambeau est également très évocateur car, fils d’un père noble et respecté avec qui, en messager de l’esprit des lumières il accompagna Lafayette se battre pour l’indépendance et la liberté des blancs de l’Amérique du nord. Rien dans son parcours jusqu’en 1802 ne permet de déceler chez lui l’assassin qu’il sera à Saint-Domingue.
23. Une histoire manipulée pour une mémoire contrôlée
Au Congo comme partout ailleurs, les manuels d’histoire étaient écrits par les colonisateurs. C’est ainsi que monopolisant la parole entre 1908 et 1960, les belges purent en toute liberté manipuler l’histoire de ce pays et enseigner aux congolais la nécessité de vénérer la mémoire du roi Léopold, en les convaincant que ce dernier avait pu chasser les esclavagistes arabes à travers des actes héroïques.
II. Le poids idéologique de la suprématie blanche
24. Inférieurs, donc exterminables
La colonisation allemande en Afrique dure de 1884 jusqu’en 1918. Ce n’est qu’à partir de 1893 que ceux-ci cherchent à asseoir leur domination sur les populations autochtones de Namibie. Le général Von Trotha disait ceci : « Je connais assez les tribus en Afrique. Elles se ressemblent toutes pour penser qu’elles ne céderont qu’à la force. Or, ma politique a toujours été d’exercer celle-ci par le terrorisme brutal, voire par la cruauté. J’anéantis les tribus insurgées dans des flots de sang, car c’est la seule semence pour faire pousser quelque chose de nouveau qui soit stable. » (P 122) Il s’attaque ainsi aux Hereros qu’il fait encercler de sorte que la seule voie de fuite possible soit le désert et il fait empoisonner les points d’eau. La sécheresse de l’Omaheke devait achever ce que les armes allemandes avaient commencé, l’anéantissement du peuple herero. ¾ de cette population fut exterminée en 2 ans. C’est dire combien la politique d’anéantissement systématique des populations dites « inferieures » est antérieure à Hitler. L’allemand Eugen Fischer disait en 1908 qu’on ne doit laisser vivre les Hottentots et les populations batardes du sud-ouest africain allemand que dans la mesure où ils se rendent utiles par leur travail.
25. De l’exclusion des non-Blancs à l’exclusion des non-Aryens
Un certain nombre de mesures étaient prises par le mouvement national-socialiste dans les années 1920 contre les groupes inferieures. Hilbert distingue : « cinq étapes marquèrent le processus de destruction des juifs : rupture imposée des relations de sociabilité entre juifs et allemands ; limitations de résidence ; réglementation des déplacements ; mesures d’identification spécifiques ; enfin, institution de procédures administratives distinctes…les premiers stades de l’éloignement furent les révocations ou les licenciements de juifs dans la fonction publique et dans l’industrie, mais aussi l’aryanisation ou la liquidation des entreprises juives ».p 128 Aux USA dans les années 1930, la population blanche participait activement aux activités du KKK (Ku Klux Klan) parce qu’elle avait encore à l’idée qu’un noir n’a aucun droit qu’un blanc soit tenu de respecter. Alors que dans l’Allemagne nazifiée, tous les allemands ne haïssaient pas les juifs. Néanmoins, tous acceptèrent les différentes manifestations anti-juives. Pendant la deuxième guerre mondiale, il y eut un bouleversement dans l’histoire des théories raciales car on substitua « Juif » à « noir » et « aryen » à « blanc »
26. L’Allemagne, même nazifiée n’était ni le Congo ni même l’Amérique du nord
Avant 1945, rien dans la politique ne fut entrepris en Europe pour apprendre aux peuples qu’il n’y a pas de race paria. Le degré de la civilisation française ne fut pas remis en cause lorsqu’en 1931 lors de l’exposition coloniale de Paris, les organisateurs eurent le bon gout de montrer parmi d’autres animaux bizarres, un groupe de Kanaks dans une cage venant de la Nouvelle-Calédonie. En 1933 on commence à afficher « interdit aux juifs et aux chiens » ou « réservé aux aryens ». Malgré cette ségrégation, les Jeux Olympiques sont organisés dans ce pays en 1936, ce qui prouve à quel point la pensée occidentale intégrait le racisme. C’est pour cela que le journal libéral nord-américain « the nation » écrivait le 1er Aout 1936 : « on ne voit pas de têtes juives coupées ni même sérieusement matraquées… les gens sourient, se montrent courtois et chantent avec entrain dans les brasseries en plein air ». p 133
Comme nous le savons tous, que ce soit en Amérique ou en Afrique, le fait que les bourreaux des noirs coupaient les têtes des esclaves et les exposaient à l’entrée de la maison ou dans un carrefour était fréquent. C’est donc normal que ce journaliste cherche en Allemagne nazie des têtes coupées avant d’admettre que les choses ne se passent pas bien pour eux. Les allemands n’ont pas eu le temps de développer par rapport aux juifs ce que les blancs ont fait en Amérique par exemple l’habitude du lynchage des noirs qui s’est ancrée dans la tradition américaine au point que, bien après la fin officielle de l’esclavage un noir fut pendu et brulé par la foule tous les deux jours.
27. Civilisation et barbarie
Avec l’abolition de l’esclavage en Amérique, les indiens étaient déjà exclus par le génocide et une société blanche contre les non-blancs se met en place. Les noirs, survivants de l’asservissement revendiquaient le droit à la citoyenneté réservé jusque-là aux seuls blancs. Dès lors, l’idéologie raciste eu besoin de développer des arguments pour exclure les noirs. Le développement de l’idée de l’infériorité naturelle des noirs se reposait sur la craniologie fondée par les anthropologues américains Norton et Nott. Au 19 e siècle, les français se sont mêlés à la diffusion du racisme à travers Quatre fages qui affirmait : « Le nègre est une monstruosité intellectuelle…pour le produire, la nature a employé les mêmes moyens que lorsqu’elle enfante ces monstruosités dont nos cabinets offrent de nombreux exemples… il a suffi pour atteindre ce résultat que certaines parties de l’être s’arrêtassent à un certain degré de leur formation…eh bien! Le nègre est un blanc dont le corps acquiert la forme définitive de l’espèce, mais dont l’intelligence tout entière s’arrête en chemin. ». P 138-139 Ainsi, les européens qui prétendaient être des civilisés et devaient apporter cette civilisation au reste du monde sont plutôt arrivés avec la barbarie et ont barbarisé le monde. C’est ce qui explique la recrudescence des guerres sur la planète.
28. Pour améliorer son quotidien, tout est bon
La persécution et la destruction des juifs avaient pour but de satisfaire immédiatement et concrètement les intérêts sociaux et économiques des aryens. Par exemple, la décision des 5 000 non-aryens chassés de la fonction publique du 7 avril 1933 à tous les niveaux de la société fut approuvée par beaucoup, car les juifs avaient connu une ascension économique et sociale fulgurante en Allemagne (vers 1885, 10% des étudiants dans la Prusse étaient juifs, ne représentant qu’1,25% de l’ensemble de la population, 4,8% de la population de la capitale, 0,4% de ses fonctionnaires, 8,6% de ses écrivains et journalistes, 25,8% de ses hommes de finances et 46% de ses marchands en gros et détaillant.
29. Des possibilités plus qu’attrayantes
La première guerre mondiale, la défaite et l’humiliation qui s’ensuivit pour l’Allemagne en 1919, la crise économique accompagnée du chômage furent autant de facteurs que les nazis canalisèrent pour stimuler la haine des juifs, seuls coupables des malheurs du peuple allemand selon eux. A quoi s’ajouta l’antibolchevisme (contre Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht du mouvement des spartakistes à majorité juive qui voulait faire la révolution socialiste en Allemagne). Ceux qui craignaient la révolution dénonçaient un « complot des juifs ». C’est ce qui rendait nécessaire, voire légitime les mesures d’exclusion prises et appliquées par l’Etat national-socialiste. Les antisémites d’autres pays ont soutenu les nazis car les juifs jouissaient dans ces pays d’une situation aussi particulière qu’enviable. En Autriche, 3 300 médecins sur 7 000 étaient juifs et 1 600 avocats sur 2 100) à Vienne.
30. Ce qui est rentable ne peut être mauvais
L’esprit de lucre et la rivalité économique jouèrent un rôle déterminant dans le comportement de la politique allemande. Celle-ci n’était pas moins sensible aux motivations financières que les populations des pays conquis. L’exemple de la Suisse ici est patent, pays supposé neutre dont la compromission dans la persécution des juifs est à présent avérée. Quand en 1943, les bombardiers alliés commencent leurs terribles pilonnages des villes allemandes, des centres industriels et des régions minières, la suisse demeura pour Hitler la seule zone industrielle où l’on peut sans danger produire pour le IIIe Reich, armes, munitions, appareils de précisions…ce sont les profits extraordinaires qui soutendaient cette relation. Selon certains historiens de l’économie, c’est de ces profits de guerre que date l’impressionnante puissance financière des grandes banques suisses à l’échelle de la planète. Pour encourager les gens hors de l’Allemagne à arrêter les juifs, on octroyait à chaque policier le tiers de la fortune liquidé du juif arrêté dans les quartiers aryens. Cette méthode fonctionna à merveille car on ne trouvait plus les policiers dans les commissariats. Gerhard Botz mentionne un article publié dans un journal viennois daté du 26 avril 1938 qui dit ceci : «Jusqu’en 1942, il faudra extirper et faire disparaître l’élément juif à vienne. A ce moment, aucun magazine, aucune entreprise ne devra plus être dirigée par un juif. Aucun juif ne devra plus avoir de travail rémunéré. Et hormis quelques rues où les vieux juifs et juives seront autorisés à dépenser l’argent qui leur reste (son exportation leur étant interdite) et y attendre leur mort, rien dans la ville ne doit rappeler leur présence » P 158. On comprend ici que l’objectif de l’extermination des juifs n’était pas par plaisir mais économique, car disait-on le juif doit disparaître et son fric doit rester.
31. Les alliés piégés dans leur tradition de domination raciste
Quand les allemands chassaient les juifs, aucun Etat ne leur a proposé un refuge. A aucun moment les alliés ne présentaient la lutte contre le racisme, l’antisémitisme comme partie intégrante du combat contre le nazisme
32. Les considérations qui pèsent sur le statut du tribunal de Nuremberg
Puisque les juifs étaient représentés à Nuremberg avec leur lobby influent, les britanniques avaient un double objectif : satisfaire les juifs et condamner le nazisme, pas pour avoir massacré les juifs (si c’est comme cela, ils seront aussi accusés d’avoir perpétré le génocide en Amérique), mais plutôt pour les avoir massacré pour préparer la deuxième guerre mondiale. Ceci permet d’éviter toute comparaison avec les autres politiques d’extermination qui n’ont pas abouti à la guerre entre les « civilisés ». La politique de non-ingérence est très claire ici, chaque Etat a le droit de massacrer les minorités dans son pays
33. Une société excluante
Les
circonstances dans lesquelles nait une société
déterminent son évolution postérieure et surtout la qualité de ses
rapports humains. Les européens qui arrivent en Amérique du nord comptaient
parmi eux des personnes provenant des différentes parties de l’Europe qui ne
partageaient ni la même langue, ni la même religion, ni la même histoire. Face
aux indigènes et bientôt aux noirs cet agrégat d’homme avait un lien commun qui
était leur appartenance à la race blanche. C’est sur des cadavres que le
rêve américain s’est réalisé et le
résultat est une société profondément radicalisée, foncièrement négrophobe.
Pour la première et unique fois les blancs n’étaient pas unis, car les enjeux économiques
s’y étaient mêlés. Ce qui a abouti à la guerre de sécession où les blancs ne
s’entendaient pas sur le processus d’accumulation des richesses.
34. La violence raciale, une vieille composante
Les prétextes utilisés par les blancs pour tuer les non-blancs n’avaient parfois pas de sens. Voici un exemple : « C’est l’histoire d’une femme blanche habituée à faire porter les cornes à son blanc de mari. Le lundi 1er Janvier 1923 alors que son mari est au travail, Fannie Taylor reçoit son amant blanc. Ça tourne mal et Fannie est brutalisé par son amant, celui-ci lui cogne le visage avant de prendre fuite devant les domestiques. Comment expliquer à son mari les coups sur le front, la jeune femme se rue hors de la maison hurlant qu’elle a été agressée par un nègre. Cela suffit pour déclencher une tuerie anti noire qui détruira complètement la ville de Rosewod. » Autrefois le viol était puni en virginie, cependant entre 1908 et 1972 seuls les noirs ont été exécutés en vertu de cette loi alors que 45% des personnes condamnées pour viol étaient des blancs. Les exemples d’une mauvaise défense aveuglée par des préjugés raciaux abondent à travers tout le pays. En Californie, Melvin Wade a été défendu par un avocat qui parlait des noirs en de termes injurieux et qui lors de l’audience sur la détermination de la peine avait demandé au jury de se prononcer pour la peine capitale et Melvin fut condamné à mort.
35. Toujours exterminables
L’auteure fait ressortir ici la situation qui prévalait dans les colonies espagnoles d’Amérique après le départ de ceux-ci. Les créoles, ayant une parenté avec la métropole avaient pendant longtemps pensé être du coté de ceux qui dominaient. En se rendant compte du contraire des choses, ils se mirent ensemble avec les indiens et les noirs pour arracher l’indépendance. Les créoles lâchèrent les autres et firent exactement comme les maîtres blancs, c'est-à-dire qu’ils continuèrent la politique d’extermination commencée par les espagnols. L’exemple du massacre de la Rubiera qui en fit le théâtre en 1967 est très édifiant. Les bourreaux de ce massacre sont les victimes du gouvernement de Colombie. Car ils naissent, vivent et meurt dans les champs de plantation. Ce sont les paysans qui naissent, travaillent et meurent sans jamais voir un médecin. Ils ne connaissent que la terre qui ne leur appartient pas et où ils travaillent jusqu'à la mort.
III. L’apartheid, un crime contre l’humanité, mais l’autre
36. Des lieux communs, très communs
L’apartheid peut être considéré comme la prolongation de la politique nazie au-delà des frontières européennes. Car la politique d’institutionnalisation de l’apartheid est comparable à celle d’extermination des juifs. Du point de vue juridique, les lois votées par la race supérieure dans chacun des cas sont semblables. En Afrique du sud à partir de 1911, sa majesté promulgua la Colour Bar qui stipulait que certains emplois spécialisés du secteur minier étaient réservés aux européens. Cette loi fut complétée par la loi sur l’apprentissage qui étendit la Colour bar à plusieurs secteurs industriels. Ces deux lois ont des traits communs avec la loi du 6 juillet 1938 sur la réglementation des professions dans le Reich qui interdisait aux juifs certaines professions ou métiers réservés aux seuls aryens. Cette loi fut aussi complétée par celle du 20 septembre 1939 sur les fermes héréditaires d’après laquelle « ne peut être paysan que celui qui est de sang allemand ».P.234
37. Des nazis convaincus et très déterminés
Beaucoup de sud-africains ont eu de bonnes relations avec les nazis. Certains à l’instar de Van Rensburg avaient été invités en 1936 en Allemagne pour assister aux jeux olympiques et aux assises du parti national-socialiste à Nuremberg. Curieusement, ce sont ces pro-nazis et antisémites qui prirent le pouvoir après la deuxième guerre mondiale.
38. Des anciens nazis devenus très fréquentables
Les élections législatives en Afrique du sud sont gagnées le 26 mai 1948 par d’anciens militants et sympathisants de la cause hitlérienne. La nazification du pouvoir appelée apartheid se fit sans ambigüités et sans que ces dirigeants cherchent à masquer le choix idéologique qu’ils défendaient avant 1939
39. Fini les querelles
Les puissances alliées ont accepté l’arrivée au pouvoir des nazis sud-africains comme elles acceptèrent en 1933 l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne parce que l’anticommunisme avéré était une garantie. Ces sud-africains ont bénéficié du soutien sans faille des grandes puissances dès lors qu’ils n’ont pas développés des théories menaçant les blancs.
40. Sionistes et anciens nazis, un partenariat fort intéressant
La création de l’Etat d’Israël est le fruit de l’holocauste vécue pendant la seconde guerre mondiale. Les dirigeants de cet Etat ont perçu des réparations venant de l’Allemagne et en même temps prirent la responsabilité de fournir au régime de Pretoria l’aide militaire et technologique nécessaire au bon fonctionnement de l’apartheid.
41. l’exclusion des non-blancs, une ségrégation acceptable
Quand on extermine les peuples hors de l’Europe et qui sont non-blancs, il n’y a pas de souci. C’est pour cette raisons que le processus de bantoustanisation a été initié pour cadrer les noirs se trouvant en Afrique du sud vers ce qu’on a appelé les Farm goals (fermes-prisons) où les noirs sont obligés d’aller travailler pour la race blanche. Pour persuader l’opinion internationale, Verwoerd en 1960 disait que la création des bantoustans respectait les vœux des noirs qui voulaient leurs propres Etats. Ce plan comportait deux étapes : la création des réserves sans aucune viabilité économique mais qui offriront une main d’œuvre servile et permanente et la déportation massive des africains vers ces réserves. De grands reporters ont constaté que le relogement des bantous n’évoquait pas le camp de concentration nazi, nul n’a prétendu qu’il y ait des chambres à gaz au Transkei. Le racisme revêt sa forme froide et méthodique, celle des hommes d’affaire qui estiment que ce comportement est payant.
Conclusion
Le déni de justice devient hallucinant lorsque même des humanistes connus pour leur engagement contre certaines formes d’exclusion y ajoutent leur note de mépris. Le moment n’est pas encore venu de cesser de trier les victimes et d’attribuer au crime des degrés d’horreur selon qu’elles se trouvent parmi ceux dont l’appartenance à l’espèce humaine n’avait jamais été mise en question. L’héritage des lumières, malgré sa vocation universelle, demeure assez parcellaire. Il faut donc rendre conscient le poids, souvent écrasant, de la suprématie blanche sur notre inconscient. C’est seulement à cette condition que nous pourrons l’identifier et, consciemment, essayer au moins de contrôler les dégâts qui en découlent.
Note de lecture faite par Diffouo Yannick Guérin
Cette note de lecture a été présentée au siège de Action Sociale Africaine à Dschang (Cameroun)