Enseignement Technique : Une proposition pour en finir avec l’absence de manuels scolaires
S’il y a un domaine où on a de la peine à croire qu’il y a 50 ans nous sommes chargés de gérer nous-mêmes nos affaires, c’est bien celui du manuel scolaire dans l’enseignement technique. Et pourtant il n’y a rien d’aussi simple.
Un pays en construction comme le nôtre n’a pas d’autres choix à faire que de mettre un accent sur la formation dans nos établissements d’enseignement technique. Mais on a l’impression qu’il y a un laisser-aller incroyable. Il faut d’ailleurs dire qu’il n’y a que six ans que l’on a formé les premiers enseignants de Métier Bois par exemple, pour un pays avec des forêts encore vierges. Tous les enseignants dans ce domaine étaient auparavant titulaires du CAP (Certificat d’Aptitude Professionnel) tout au plus. Maintenant qu’il y a des professeurs de lycées dans les différentes filières de cet ordre d’enseignement, nous pensons que le moment est venu pour la production des manuels scolaires appropriés.
S’il y a dix ans l’enseignement technique était encore victime d’un regard dédaigneux de la part de nos jeunes compatriotes, aujourd’hui, la tendance est totalement inversée. Malgré la création de centaines d’établissements techniques sans équipement, un engouement réel est noté chez nos jeunes qui préfèrent désormais ce type d’enseignement à l’enseignement général. Aussi pensons-nous que l’ère des polycopiés vendus à prix d’or par les enseignants et les Inspecteurs est révolue. Que faire donc ?
Un collectif d’auteurs pour sauver l’enseignement technique
Les Inspecteurs pédagogiques Régionaux (IPR) sont bien placés pour connaître les meilleurs enseignants dans les différentes disciplines. Ils devraient se concerter pour ressortir sans complaisance deux ou trois meilleurs enseignants de leur région, avec les critères de sélection rigoureux qu’on rendra publics. Cela ferait vingt ou trente pour l’ensemble du pays. Un dernier tamis national permettra de retenir les dix meilleurs. Nous disons bien les dix meilleurs et non un meilleur par région. Il ne s’agit pas d’un gâteau à distribuer, mais des compétences à valoriser et à mettre au service de la nation camerounaise. La mission à eux confiée sera de produire des livres de bonne qualité, adaptés à nos programmes et à nos objectifs de développement. Ces enseignants retenus sont regroupés à Yaoundé, et travaillent pendant un an, avec toutes les facilités d’accès à internet et autre sources d’informations (Bibliothèques), sous la supervision de deux ou trois Inspecteurs Nationaux. Ces enseignants devraient au préalable faire des voyages d’étude dans quelques pays émergents ou ayant un système éducatif performant tels que Chine, Brésil, Afrique du Sud et Norvège pour se faire une idée sur l’évolution actuelle des systèmes éducatifs et surtout dans leurs disciplines respectives.
Les livres ainsi produits seront édités au pays et mis en circulation pour une durée minimum de 5 ans. Nous insistons sur la production nationale entièrement financée par nos impôts. Ainsi le livre cessera d’être une marchandise pour être un outil de travail. Nous savons qu’un Ministre de l’Education Nationale a perdu son poste parce qu’il parlait de la production nationale du manuel scolaire après une visite éclair de Charles Pasqua au Cameroun. Quand le livre cessera d’être une marchandise, nous aurons de bons livres pour l’enseignement technique en particulier et l’éducation nationale en général.