Note de lecture de l'œuvre : Ngum A Jemea ou la foi inébranlable de Douala Manga
Note de lecture de l'oeuvre
Titre de l'oeuvre: Ngum a Jemea ou la foi inébranlable de Douala Manga Bell
Auteur: David Mbanga Eyombwang
Genre littéraire : Théâtre (tragédie)
Éditions : CICD (Centre d'Initiation à la Culture Douala)
Année d'édition : 2017 (deuxième édition)
La
pièce s'ouvre par la cérémonie qui précède l'intronisation de Dualla
Manga. Il s'agit de présenter Dualla Manga aux ancêtres. Dualla Manga
est accompagné du chef des Bele Bele Kum'a Mbappe, qui officie le rite,
du chef de Bonamikano Mukud'a Mikano, des notables et chefs de Bonadoo.
La scène est ponctuée d'événements surnaturels comme le tonnerre qui
gronde trois fois, les éclairs dans le ciel pour marquer l'approbation
des ancêtres au choix de Dualla Manga comme chef.
La
scène 2 de l'acte 1 est centrée sur la cérémonie d'intronisation de
Dualla Manga. C'est une cérémonie festive. Mukud'a revient sur
l'histoire de Douala pour montrer que Dualla Manga est digne de régner :
Au début de XIXe Doo la Makongo régnait sur tous les Douala. Il y a eu
une tension entre son premier fils Priso Doo et Bele Ba Doo (King Bell). Pour
le mettre en sécurité, Doo la Makongo conseilla à Bele Ba Doo de se
réfugier à Hickory town (Bonaberi). Quand Doo la Makongo sentit sa mort
proche, il appela Bele Ba Doo pour venir lui succéder au trône. Mais ce
dernier refusa et préféra plutôt envoyer son fils Beb'a Bele qui régna.
Il fut succédé par Ndumb'a Lobe qui fut à son tour succédé par Manga
Ndumbe qui engendra Dualla Manga. Ce dernier a été élevé auprès de son
grand père Ndumb'a Lobe et de son père Manga Ndumb'a. Il maîtrise donc
la culture Sawa.
La
cérémonie d'intronisation commence par la cérémonie d'esa. Chacun doit
laver sa bouche dans le vase et passer sur son front la feuille de
dibôku bôku. Il doit avouer ses fautes et affirmer ses bonnes
intentions. Chaque délégation affirme ses bonnes intentions. Dualla
Manga à son tour promet de ne pas répondre aux provocations des
insensés, de ne pas garder de rancunes au peuple qu'il administre,
d'acquitter l'innocent et de condamner le coupable, de servir le peuple
avec loyauté, de faire passer l'honneur et la probité avant le gain, de
ne jamais vendre sa conscience, de passer l'intérêt du peuple avant son
propre intérêt.
La cérémonie
proprement dite commence par le rite qui faut de Dualla Manga un jeune
lion. Ensuite on lui fait porter la halle pour lui faire témoigner la
charge lourde de la royauté. Pour l'endurer, il lui faudra de
l'endurance et de la patience. Kum'a Mbappe lui présente le Janjo,
symbole de la paix et de l'équité. Il lui présente aussi le Mukekele,
symbole de la force et de la guerre. Dualla Manga choisit le Janjo et
reçoit ses attributs royaux.
L'acte
2 s'ouvre dans la résidence de Von Roehm, chef de région, commandant
de la circonscription de Douala. Il a invité Dualla Manga pour lui
présenter le projet de division de la ville de Douala en deux, un
secteur des Noirs et un secteur des Blancs. Pour faire accepter le
projet par Dualla Manga, il lui rappelle leurs souvenirs communs à
l'université en Allemagne, et l'amitié qui les lie. Dualla Manga lui
rappelle que les premiers Allemands à arriver vivaient dans leurs
navires, avant que les ancêtres noirs n'acceptent qu'ils viennent vivre
parmi eux, et que les Allemands peuvent retourner à leurs navires s'ils
ne veulent plus vivre avec les noirs. Le projet de Von Roehm stipule que
les noirs quitteront le plateau Joss pour s'installer dans les nouveaux
quartiers comme New-Bell, New-Akwa et New-Deido. Une zone tampon doit
séparer le plateau Joss habité par les Blancs et les quartiers noirs,
pour éviter aux moustiques noirs d'émigrer jusqu'au secteur blanc.
Dualla
Manga réitère son opposition à ce projet, et Von Roehm lui rappelle
qu'il a été appelé juste pour être informé du projet. Dualla Manga
demande à Von Roehm d'informer le parlement allemand que les Douala
s'opposent au projet. Il refuse la malette d'argent que lui tend Von
Roehm pour accepter le projet, ainsi que les promesse de promotion de
Dualla Manga et tous ses enfants. Il offre à Dualla Manga le choix entre
tout gagner en acceptant le projet et tout perdre en le refusant.
Dualla Manga décide de consulter les autres chefs Douala pour leurs
avis.
L'acte 3 se déroule chez
King Bell. Tous les chefs Douala consultés rejettent le projet de
l'Allemagne et donnent à Dualla Manga les pouvoirs pour assurer la
défense du peuple Douala dans cette affaire. Face à son refus et les
petitions envoyées en Allemagne par les chefs Douala pour s'opposer à
leur expulsion du plateau Joss, Douala Manga est destitué comme chef
supérieur par l'Allemagne. Les chefs Douala renvoient clandestinement
Ngos'a Din, le secrétaire de Douala Manga en Allemagne clandestinement,
pour faire connaître en Allemagne ce qui se passe au Kamerun, et
défendre le peuple Douala. Un rite est fait sur Ngos'a Din pour lui
témoigner la protection des ancêtres.
L'acte
IV se déroule au tribunal. Dualla Manga est accusé de trahison envers
l'Allemagne. Il est accusé d'avoir rendu les Douala hostiles à
l'administration coloniale allemande, d'avoir envoyé des émissaires à
Yaoundé, Banyo, Foumban, Dschang, N'gaoundere, Bagam et Bali pour
demander à leurs chefs d'entrer en rébellion contre l'Allemagne. Il est
également accusé d'être le partenaire précieux de Martin Paul Samba et
Madola qui se rebellent contre l'Allemagne en pays Boulou et Batanga. Il
est aussi accusé d'avoir élaboré un plan concerté avec Dualla Manga
pour demander des appuis extérieurs chez les français et anglais.
Dualla
Manga plaide non coupable à toutes ces accusations. Il certifie avoir
demandé à ses frères de protéger leur pays d'un amour sincère et
profond. Aux voisins des Douala, il certifie leur avoir dit qu'après les
Douala ce serait leur tour, et ils verront aussi leurs terres
confisquées. Il accepte avoir informé les autres camerounais de ce qui
se passe à Douala et certifie leur avoir rappelé que malgré les
différences tribales, nous sommes tous camerounais. Il accepte que
Martin Paul Samba et Madola sont ses amis, et qu'ils se rencontrent
souvent pour trouver les moyens pour assurer un meilleur avenir au
Cameroun. Au sujet de la lettre d'un chef qui l'incrimine, Dualla Manga
précise qu'il y a toujours des traitres dans une communauté, et que le
plus important est l'esprit patriotique qu'il a insufflé à ses
compatriotes. Il rappelle aux Allemands que leurs bastonnades et leurs
prisons n'ont pas fait peur aux camerounais. Au sujet de la souffrance
que les Allemands endurerait au Cameroun, Dualla Manga rappelle à
Nieddermeyer qu'ils sont uniquement intéressés par les ressources du
pays et qu'ils peuvent retourner en Allemagne s'ils ne se sentent pas à
l'aise au Cameroun.
La scène 2
de l'acte de passe en cellule entre Dualla Manga et le chef de région
Von Roehm. Von Roehm tente une fois de plus de corrompre Dualla Manga en
lui donnant une somme de 300.000 marks, plus sa vie sauve, s'il signe
le projet d'expropriation des Douala du plateau Joss. Nouveau refus de
Dualla Manga. Von Roehm lui rappelle que son sort est scellé avec ce
refus.
La scène 3 de l'acte 4 est
centrée sur le procès de Ngos'a Din, le secrétaire de Dualla Manga
envoyé en Allemagne, en renvoyé au Cameroun. Au lieu de répondre aux
questions, il tourne la justice en dérision, et est condamné à la mort
par pendaison, tout comme Dualla Manga.
Dualla
Manga condamné à mort est sorti de prison illégitimement pour voir ses
enfants une dernière fois. Son oncle amène les jeunes pour le faire
évader. Mais Dualla Manga refuse. Il demande à Anjo Bell de transmettre à
son oncle ses dernières volontés, en occurence que le peuple reste uni
et solidaire pour triompher de ses ennemis. Ul demandé au peuple
d'éviter les guerres intestines pour ne pas être écrasés par ceux à qui
on a donné l'hospitalité, c'est à dire les blancs.
Les citations dans l'oeuvre
"L'histoire fait des grands hommes des personnages universels"
"Ne
confierons secret à personne, car celui qui est ton ami intime
aujourd'hui, pourra, demain, devenir ton plus redoutable ennemi."
"Le vrai héritage que je dois laisser à mes enfants c'est le sens du devoir et l'amour de la patrie."
"L'arbre devient solide sous le vent."
"Qui trahit un patriote creuse sa propre tombe."
"Une grande communauté ne peut manquer de traitres."
"Vouloir masquer la vérité, c'est vouloir maintenir un flotteur au fond de l'eau."
"Il est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple, au lieu que tout le peuple périsse pour un seul homme."