Quand le paludisme et le Sida deviennent un fonds de commerce au Cameroun
Le paludisme et le SIDA sont les deux plus grands problèmes de santé publique en Afrique. Ils affectent de manière disproportionnée les populations démunies des pays en développement et sont communément appelées « maladies de la pauvreté ». Dans les zones où les deux pathologies sont présentes, le cercle vicieux de la pauvreté est souvent exacerbé en ce sens que les enfants, les familles tout autant que les communautés sont accablés par une baisse de la productivité économique ; Ils doivent se soigner pour ne pas succomber. Le gouvernement camerounais ne mène pas des efforts considérables pour extirper ces maladies, ce qui pousse les acteurs internationaux à se mobiliser pour apporter leur contribution à l’éradication desdites maladies.
Ces acteurs internationaux ont participé techniquement et matériellement à l’élaboration de la politique de contrôle du paludisme que ce soit dans la mise en forme de la déclaration de politique ou la conception du programme « scaling up of malaria control ». Ils se sont également impliqués techniquement et stratégiquement à la mise sur pied des politiques d’éradication du sida en participant à la création du Comité National de Lutte contre le Sida et l’élaboration des plans stratégiques nationaux de lutte contre ladite maladie.
Techniquement, financièrement et matériellement, ils soutiennent l’exécution du programme de contrôle du paludisme ainsi que la politique d’éradication du sida. En dehors de ladite assistance, les partenaires au développement ont, chacun à son niveau, participé à la gestion des politiques nationales. Ils se sont davantage impliqués dans le renforcement de la transparence en ce qui concerne la mise en œuvre des politiques sanitaires, avec un accent particulier sur le volet suivi et évaluation. C’est cette contribution qui a incité le gouvernement camerounais à poursuivre les responsables de détournements de fonds alloués à l’éradication et au contrôle de ces pandémies.
Néanmoins tous ces actes dissimulent des enjeux non avoués. Certes, dans tous leurs documents ils soulignent clairement leur volonté à réduire la mortalité et la morbidité liées à ces deux grandes maladies, mais leur apparente philanthropie n’est qu’un leurre, une supercherie. La lutte contre les pandémies représente un des maillons de la stratégie de puissance de certains Etats au Cameroun. Cette situation contribue au rayonnement du soft-power, puisque leurs actions visent l’incitation de l’Etat à la mise sur pied des politiques favorables à l’enrichissement de leurs grandes firmes pharmaceutiques. Ils font des souffrances un fonds de commerce grâce aux médicaments qu’ils vendent aux patients. On se demande pourquoi tant d’efforts n’ont pas encore éradiqué de manière définitive les deux pandémies en question, malgré l’avancée sans cesse de la technologie sanitaire. Si le Sida venait à disparaitre, qui seront les principaux perdants ? En tentant une réponse à cette question, on voit directement leurs compagnies pharmaceutiques et leurs industries de préservatifs. Ces industries ne pourront plus continuer à profiter de ces deux maladies pour glaner des milliards de bénéfices.
Le fait que le Cameroun soit un simple champ d’expérimentation pour certains acteurs internationaux révolte. La réussite de cette politique est liée en grande partie à la publicité sur les préservatifs. D’ailleurs, les nouveaux préservatifs sont de plusieurs couleurs, chacun selon sa couleur préférée. Loin de nous l’idée d’une éradication pure et simple du préservatif, mais nous condamnons son instrumentalisation. Les préservatifs de mauvaise qualité et imbibés du VIH auraient inondé nos marchés, ceci pour permettre aux pharmacies produisant les antirétroviraux de faire des chiffres d’affaire. En plus, certains médicaments à l’instar de l’AZT serait un « véritable poison sur ordonnance » pour les séropositifs. Il s’agit ici d’une synergie entre les acteurs internationaux de la santé et leurs industries pharmaceutique pour avoir beaucoup d’argent. Ceux qui paient le prix immense sont les souffrants de ces deux maladies et le Cameroun. Malgré cette synergie mortuaire, ces acteurs ne sont ni totalement contrôlés, ni mis hors des frontières nationales.
Pour faire face à cette situation, il est impératif d’améliorer la coordination dans le cadre de la coopération car cela est susceptible de renforcer la performance des acteurs et par conséquent produire plus d’efficacité. De même, il faut d’avantage financer les activités d’assainissement pour éradiquer à jamais le paludisme. L’Etat doit sortir de la brousse et prendre ses responsabilités. Il doit veiller à la santé de ses citoyens et mener un contrôle strict sur les médicaments qui entrent au pays, s’il ne veut pas en fabriquer lui-même. Le budget alloué au ministère de la santé doit être revu à la hausse. Les expatriés étant souvent les distributeurs du Sida, le contrôle doit être plus rude pour l’obtention du visa du Cameroun. L’Etat doit également former les hommes compétents et dotés d’une éthique pour impulser un changement de mentalité. Il doit mettre sur pied des mesures de sanction pour ceux qui veulent faire des maladies et des souffrances de la population un fonds de commerce.