Construisons notre paradis chez nous
Quand nous allons en Europe, en Amérique ou dans les pays développés ou assez avancés, nous sommes frappés par des prouesses réalisés par des hommes. Il y a des bâtiments gigantesques, de bons centres de santé, des centres de loisirs (Stades de football, manèges, piscines, bibliothèques…), de grandes écoles de formations... Le système sécuritaire est très avancé. Il y a une grande facilité pour trouver le travail, des autoroutes, des facilités pour se procurer des voitures. Les étudiants sont très bien traités, très bien nourris et assez pris en considération. Les maisons sont bien construites, nous logeons dans des appartements modernes respectant le standard moyen de vie des pays développés. Ce standard moyen des pays développés correspond à un standard assez élevé dans notre pays. Quand nous sommes en France, nous regardons la tour Eiffel, Notre dame de Paris et d’autres lieux d’attraction. Nous sommes attirés par la statue de la liberté aux Etats-Unis. Flattés par toutes ces grandeurs, nous ne voulons plus quitter cette Europe ou cette Amérique. Nous voulons y rester, y demeurer. Nous mourrons dans la mer pour y rester, nous épousons des vielles femmes européennes pour avoir la nationalité de ces pays. Parce que comparé à notre pays, l’Europe est l’El dorado. Quand nous quittons l’Europe et arrivons à Yaoundé, nous rencontrons tout un tas d’immondice. La première chose qui nous frappe est une corruption généralisée. Le premier policier que nous rencontrons cherche à nous escroquer. Des gens mangent et jette des ordures partout. Au lieu des autoroutes, nous rencontrons des pistes délabrées et constamment raccommodées où des voitures s’entassent dans un embouteillage infernal. Rares sont les usagers qui respectent les feux de signalisation. A côté des grandes villes, des bidonvilles s’étendent à perte de vue, où des gens s’entassent par dizaines dans des chambres, parfois avec des toilettes pleines. Trouver le travail est un parcours de combattant. Des docteurs et doctorants font le taxi dans les villes et campagnes du pays, d’autres vendent les habits aux marchés pour survivre. Il y a des camerounais dont le travail est de chercher le travail. Ils se lèvent le matin, vont chercher le travail toute la journée et rentrent le soir dormir, parfois le ventre vide. Les aires de jeu sont presqu’inexistantes. Les quartiers et les villes sont sales, avec des maisons délabrées.
Loin de moi l’idée de comparer les pays européens développés à notre pays qui sombre dans l’abime chaque jour. Je veux ici nous interpeller en tant que camerounais, en tant qu’enfants d’un même pays. Je veux ici réveiller notre orgueil national, notre fierté nationale que nous n’avons cessé de prouver. Je veux ici interpeller notre capacité de progrès, notre sens du travail et notre volonté de ne laisser aucun peuple nous dépasser. Si nous avons eu le courage à plusieurs reprises de prendre des armes pour combattre l’Allemagne et la France coloniales, deux pays que nous savions plus forts que nous, c’est parce que nous voulions un pays grand et prospère et nous voyons en l’Allemagne et la France un obstacle à ce rêve de grandeur. Si à plusieurs reprises nous nous sommes dressés contre les dictatures d’Ahmadou Ahidjo et de Paul Biya, c’est parce que nous voyions en ces hommes imposés par la France des obstacles à notre rêve de grandeur. Mais les différents échecs que nous avons subis jusqu’ici nous ont découragés. Toutes nos résistances depuis des siècles se sont soldées par des échecs (Résistances à la pénétration allemande, combat organisé par Martin Paul Samba et Douala Manga Bell pour chasser les allemands du Cameroun et proclamer une république indépendante, révolte des bayas, nos diverses révoltes de la période coloniale, notre guerre d’indépendance, les soulèvements réprimés contre les régimes d’Ahmadou Ahidjo et de Paul Biya…) L’échec de toutes ces luttes pour la construction de notre grandeur a installé en nous un découragement et un sentiment de sur-amour pour notre pays. Sentiment de sur-amour que, incapables de le réaliser, nous exprimons son contraire. Nous faisons semblant de ne rien voir, nous nous mettons parfois du côté de la dictature de Paul Biya.
Bien que nous n’ayons pas des exemples de combats victorieux que nous avons menés et sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour relancer notre rêve de grandeur, rappelons que nous avons toujours eu l’avance sur d’autres peuples. Alors que beaucoup d’autres peuples étaient encore cloitrés dans le statut colonial en 1914, nous luttions déjà pour notre indépendance. En 1914, sous le commandement de Martin Paul Samba et Douala Manga Bell, nous avons pris des armes pour combattre l’Allemagne et arracher notre indépendance alors que l’Allemagne venait à peine de remporter la victoire sur Bafia, le dernier territoire à tomber. En 1937, nous avons tenté de mettre sur pied une organisation qui agissait comme le gouvernement et l’assemblée d’un Etat autonome (le RACAM). Alors que la France avait créé la Jeucafra pour contrer le sentiment d’amour pour l’Allemagne que beaucoup de nos compatriotes exprimait avant la deuxième guerre mondiale, nous avons utilisé cette organisation pour revendiquer notre indépendance. Nous l’avons transformé en RACAM en passant par l’Unicafra. En 1945, contrairement à d’autres colonies, nous menions notre première grève générale à Douala. Nous restons le seul peuple en Afrique noire francophone à avoir pris les armes pour combattre un colon criminel et déterminé. Nous avons combattu la France pendant 15 ans pour notre rêve de grandeur, parce que nous ne voyions pas en la France un supérieur, mais un égal qui se permettait de nous dicter ses lois. Ce n’est pas pour rien qu’après la Guinée Conakry, c’est par nous que va commencer la vague de fausses indépendances que la France a accordé à ses colonies d’Afrique noire. Actuellement, ce n’est pas un hasard si presque toutes les chaines panafricaines sont créées par nous : Afrique media, Africa 24, Vox africa… Presque toutes les chaines panafricaines sont créées par nous. Au cas où nous ne les créons pas, les organisations panafricaines trouvent auprès de nous un accueil toujours enthousiaste. Je souligne tout ceci pour montrer que notre combativité et notre rêve de grandeur sont restés intacts malgré les échecs subits, parce qu’au fond de nous nous savons qu’aucun peuple au monde ne nous dépasse. L’histoire nous a assigné une mission gigantesque : celle de nous libérer, de libérer l’Afrique et de construire la République de Fusion Africaine. Nous sommes le peuple choisi pour donner un sens à l’Afrique et pacifier le monde. Les noirs ont d’abord été le peuple choisi. Nous avons construit de puissants empires et le monde vivait en paix. Depuis que d’autres peuples ont été choisis, le monde n’a cessé de plonger dans l’abime. Aujourd’hui nous avons été choisis de nouveau. La nouvelle alliance est désormais avec nous. Nous les camerounais avons une mission à remplir et à laquelle aucun échec ne sera toléré. Nous devons être à la tête du monde pour le guider.
Notre rêve de grandeur, mon parti la LIMARA (Ligue des Masses Révolutionnaires Africaines) et moi le relançons parce que nous ne sommes pas faits pour suivre, mais pour donner des directives au monde. Mes camarades et moi appelons à notre orgueil national. Quand nous allons en France et que nous visitons la tour Eiffel, nous devons éprouver de la jalousie. Oui de la jalousie parce qu’un tel monument devait se retrouver plutôt chez nous. Le fait qu’il se trouve en France et qu’il ait été construit par des français est un affront pour nous. Au lieu d’être ébahi par un tel monument, nous devons construire un autre plus gigantesque à Yaoundé pour montrer au monde entier que personne ne nous dépasse. Pareil pour les autoroutes, la statue de la liberté et autres. Nous ne devons pas chercher à aller nous installer en Europe. C’est une honte pour notre orgueil national. C’est avouer que l’Europe nous a dépassé au point que nous décidions de porter son sac. Or tous ceux qui donnaient leurs vies pour que nous dirigions le monde ne le faisaient pas pour que nous laissions un peuple, qui qu’il soit, avoir la primauté sur nous. Si nous allons en Europe, ce doit être uniquement pour un but : copier la technologie et la technique pour venir l’implémenter à Yaoundé ou à n’importe quel autre endroit du Cameroun qui deviendra République Fédérale du Nyobeland dès notre prise de pouvoir. Notre pays est assez vaste pour diverses expérimentations de la technologie copié dans le reste du monde et perfectionné dans notre pays. J’en appelle à la diaspora camerounaise et à la Nation camerounaise toute entière. Le temps de repos est achevé. Il est temps de se remettre en marche. Préparons-nous à construire cette grandeur pour que nos enfants et petits-enfants nous rendent des hommages bien mérités. A la diaspora, apprêtez vos bagages pour retourner. Pour le moment un seul élément nous sépare du déclenchement de notre processus de grandeur : c’est le régime tyrannique de Paul Biya. Tous les camerounais doivent s’apprêter pour la réalisation de notre rêve commun de grandeur.