Faire du syndicalisme, un acte patriotique

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Comme pour tout pays victime du néocolonialisme, au Cameroun, faire du syndicalisme c’est s’opposer à son employeur. Pour les fonctionnaires, c’est s’opposer au gouvernement, à l’Etat. Certains vont plus loin pour en faire une affaire de personne, c’est s’opposer au Président de la république.  Bon sang ! Faire du syndicalisme est un acte éminemment patriotique pour les fonctionnaires que nous sommes. En revendiquant des meilleures conditions de vie et de travail et une éducation de qualité pour notre pays, un syndicat s’oppose-t-il au gouvernement ? En demandant que l’Etat assure aux enseignants les conditions optimales de vie pour qu’ils puissent bien faire leur travail, un syndicat s’oppose-t-il au gouvernement ? Que non ! Si s’opposer au gouvernement consiste à scruter de près le fonctionnement du système éducatif, pour amener les autorités en charge de l’éducation de changer de cap, alors nous préférons cette posture, et nous la défendrons mordicus.

Quand le Premier Ministre prend un décret pour les frais de déplacement des enseignants à l’occasion des congés annuels ou pour exonérer les fonctionnaires de 60% des frais médicaux, et que les enseignants ne sont même pas parfois au courant, c’est le rôle du syndicat d’informer ceux-ci et de les organiser pour le respect de cet acte administratif. Est-ce s’opposer au gouvernement ? Chacun sait qu’un décret du Président de la république datant du 05 décembre 2000, reste à ce jour non entièrement appliqué. Les dispositions appliquées ne l’ont été que sous la pression des syndicats, à l’instar de la prime de technicité, de la prime d’évaluation et de la prime de recherche et de documentation. 

Faire du syndicalisme, c’est comme un ouvrier qui choisit de signaler au patron les pannes qui surviennent dans le fonctionnement de sa machine. En gardant le silence, l’ouvrier prépare sa mort ainsi que celle de l’entreprise. Le syndicat est donc comme une sentinelle pour l’intérêt du travailleur et de l’employeur. Un employeur soucieux du progrès de son entreprise, encourage, montre sa bienveillance pour le syndicalisme au sein de son entreprise et prévoit un cadre de concertation permanente pour veiller à la performance. Nous ne saurions passer sous silence ce comportement néocolonial qui a fini par s’installer dans pas mal d’esprits. A savoir que faire du syndicalisme c’est refuser l’ordre préétabli et par conséquent, il faut mener une guerre sans merci à tous ceux qui croient en âme et conscience bien faire en se syndiquant. Ces néo-colons qui sont entre les Ministères et les établissements scolaires se recrutent exclusivement parmi tous ceux qui  profitent des avantages exorbitants liés à leurs fonctions. Ces avantages n’étant autres choses que les contributions des parents quel que soit la manière avec laquelle ces fonds sortent des établissements scolaires.

L’enseignant qui laisse tout au syndicat et choisi de s’occuper de sa petite famille et de mener une vie ‘’tranquille’’ se met un doigt dans l’œil. Car un syndicat n’est pas une boite magique. On en voit qui vont jusqu’à estimer par naïveté que ‘’le Bureau National peut faire la grève’’. La force d’un syndicat réside dans le taux de syndicalisation qui est très faible en Afrique francophone y compris le Cameroun. La longueur anormale des négociations est due à cette faiblesse d’implantation territoriale.

D’où la nécessité pour les enseignants de s’engager maintenant dans les syndicats les plus proches d’eux. Ce sera le début de l’amour de la patrie, puisque ne rien faire, c’est choisir de laisser un pays comme le nôtre à des enfants qui n’auront pas les moyens de le défendre contre la prédation désormais ambiante. Puisque sans de bonnes conditions de vie et de travail, les enseignants ne peuvent pas donner le meilleur d’eux-mêmes pour offrir à la nation des fils compétents. Il n’y a que du patriotisme dans cela. Sauf si l’on souhaite comme à la période coloniale, qu’il n’y ait en face que des ‘’interlocuteurs valables’’ ou que les syndicats fassent comme le souhaitait Roland Pré : « Rentrer dans les rangs ou disparaître. » Dans cette perspective patriotique, les syndicats devraient bénéficier d’une bienveillance de la part des pouvoirs publics pour mener à bien leurs activités. Le SECA attend cette bienveillance, gage de la reconnaissance de notre action patriotique.