La victoire n’est pas le fruit du hasard

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Cet article répond à une série de critiques qui nous ont été faites. Beaucoup d’africains nous ont reproché d’être trop théoriques, d'avoir créé un parti politique de trop, notre caractère très afro-centré, le fait que nous mettions la priorité sur la politique au lieu de l’économie, l’absence de notre récépissé de légalisation. Il nous a été également reproché de détester les blancs, et d’avoir institué les cotisations, ce qui limite les adhésions au parti et à son association mère la Ligue Associative Africaine, puisque les deux organisations vont ensemble. Il a été enfin reproché au projet économique de la Ligue Associative Africaine d’épouser la logique capitaliste, puisqu’il y a la recherche de l’intérêt. Sans détour, cet article répond à tous ces reproches.

 

La LIMARA et la Ligue Associative Africaine, deux mouvements trop théoriques ?

Théorique est le terme que les plus gentils ont utilisé. Les autres ont utilisé le terme bavardage. D’après eux, nous bavardons à longueur de journées. Nous écrivons de jolis textes, mais sur le terrain, nous sommes absents. Beaucoup de personnes auraient voulu nous voir dans la rue, en train d’organiser des meetings, ou tout simplement au pouvoir. On nous reproche de suivre la voie de tous les politiciens camerounais qui n’ont été que théoriques. Depuis des décennies, nous ne faisons que théoriser, nous dit-on. Il faut la pratique, il faut l’action.

Nous sommes convaincus que tout se joue au niveau de l'action, que l’action est tout. Aucun changement n’est possible sans l'action. Nkrumah précisait à juste titre que la théorie sans la pratique est vide. L’action est donc impérative. Mais l’action doit être préparée minutieusement. Sinon on envoie de braves combattants dans les geôles de la dictature néocoloniale sans que cela ne change quoi que ce soit. Pas que nous ayons peur des geôles, mais, nous limitons au maximum la souffrance de nos camarades. Les sacrifices doivent être de nature à apporter la victoire ou à faire peser de manière considérable le rapport de forces à notre camp. Pour cela, il faut beaucoup théoriser. En se précipitant dans l’action, loin de fortifier le mouvement, on le fragilise. On décourage le peuple et ceux qui rêvent apporter leur contribution à la lutte nationale. Le régime néocolonial et son maitre la France ont réussi à créer la peur de la politique. Toutes les deux dictatures qui ont dirigé notre pays ont considéré toute action de l’opposition comme subversive. Ils ont réprimé toutes les actions de l’opposition, la plupart de temps dans le sang. La conscience populaire est arrivée à craindre tout ce qui est politique. Une action précipitée de plus renforce le mythe de l’invincibilité du régime néocolonial et la crainte de l’opposition. Adhérer à un parti politique d’opposition est déjà un affront ouvert contre la dictature qui multiplie des manœuvres pour limiter la progression dans la fonction publique si on est fonctionnaire, ou des intimidations ouvertes. Tout mouvement révolutionnaire doit étudier cette réalité. Face à un tel monstre, une action précipitée est contre-productive. Il faut prendre le temps de théoriser la société que nous voulons. Ce temps que nous mettons à la théorie se rattrapera au moment de l’action. De 2018 à 2020, le MRC. (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), un confrère de l'opposition, a initié une série d'actions sur le terrain contre le régime néocolonial de Paul Biya. Ces actions mal préparées se sont soldées par l’arrestation de centaines de militants et à leur condamnation à de très lourdes peines. Nous ne voulons pas signifier ici qu'une bonne préparation évite les arrestations de militants, mais que le résultat est sinon acquis, ou du moins que l’action a déblayé le chemin vers le résultat. Pour le MRC, il n’y a eu aucun acquis. Au contraire, le régime est sorti plus fortifié et a renforcé le mythe de son invincibilité. Des années de théorie auraient évité cet échec.

Contrairement à ce qu’on nous reproche, nous sommes sur le terrain. Avec nos camarades de l’UPC-MANIDEM, nous avons initié les échanges citoyens chaque mois pour échanger avec la population sur les problèmes cruciaux qui minent le pays et le continent. La Ligue Associative Africaine a initié quelques projets économiques. Nous descendons dans la rue distribuer des tracts aux populations. Nous organisons des séminaires de formation dans nos différentes branches pour renforcer leurs capacités politiques, et nous réalisons des projets pour la population, comme le forage que nous construisons à Goulfey. Pour nous, c’est ceci l’action qu’exige actuellement la nature du combat. Nous les multiplions, mais le moment des grands meetings et des grandes marches n’est pas encore arrivé. Ceux qui nous reprochent d’être seulement théoriques ont donc tort.

Quand on affirme que nos prédécesseurs n’ont fait que théoriser, on se trompe énormément. Notre combat n'est pas théorisé. Il manque cruellement de théories.  Que ce soit Modibo Keita, Toussaint Louverture, Dessalines, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, le roi Christophe, Um Nyobe, Ouandie, Moumie, Ossende Afana, Agostihno Neto… Tous nos héros brillent dans l’histoire par un manque criard de théorisation de leur lutte, ce qui a favorisé leur échec. Même ceux qui ont battu le colon et ont pris le pouvoir ont été très vite rattrapés par son système. Parce qu’ils n’avaient pas pris le temps de théoriser. C’est une grave paresse qui ne se tolère pas dans l’histoire. On ne peut pas prétendre porter la destinée d’un peuple, ou le guider si on ne lui trace pas la voie à suivre de manière claire. Cette voie, il faut la penser avec tous ses contours politiques, économiques et socio-culturels. C’est cela qu’on appelle théoriser une lutte. Nos héros ont profité des situations difficiles du peuple pour le lever avec des discours révolutionnaires et le dresser contre ses ennemis. Le peuple s’est levé, s’est dressé et a vaincu. Mais des décennies sont passées et les peuples n’ont pas remarqué de véritables changements. Le système est resté intact, maitre, tout-puissant. Les leaders étaient impuissants devant un tel monstre, parce qu’ils n’avaient pas pris le temps de l’étudier et théoriser son alternative. Ils devaient aussi tenir les promesses faites au peuple. Ils étaient pris dans l’étau, et la raison première de cet étau était le manque de théorisation. Dès leur départ, leurs idées se sont effacées. La propagande ennemie s’est mise sur pied pour effacer de la mémoire collective leurs idées et même leurs noms. C’est très récemment qu’au Cameroun les noms des nationalistes tels que Um Nyobe, Félix Moumié, Ossende Afana, Ernest Ouandié ont cessé d’être tabou. Très peu de camerounais savent réellement ce qu’ils voulaient et quel combat ils ont mené. Si la France a réussi cet exploit au Cameroun, c’est parce que ces leaders n’avaient pas théorisé leur lutte. La théorisation est le seul discours audible dans les moments difficiles. Quand l’ennemi parvient à cantonner les révolutionnaires dans leur plus faible expression possible, ce sont leurs écrits parlent à leur place.

Sans théories révolutionnaires, les révolutions africaines ont tout simplement été évincées les unes après les autres. C’est à peine si on trouve quelques fragments de textes de nos héros. Ayons le courage de le dire. Nous sommes au niveau actuel parce que nos héros ont fait la paresse sur la théorie, et nous ne pouvons répéter la même erreur. Il faut la corriger. Mais on ne peut pas tout peindre en blanc et montrer que tout a échoué. On a eu des cas comme Kwame Nkrumah qui ont tenté de théoriser. En plus de lui, Marcus Garvey, Cheikh Anta Diop et récemment les travaux de Molefi Kete Asante, Ama Mazama, Hubert Kamgang… Donc la faiblesse principale de notre lutte est le manque de théorie, et ceux qui nous reprochent d’être trop théoriques ont tort, puisque tout reste à faire dans la théorisation de notre lutte. Il faut le dire et marteler. Sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de lutte révolutionnaire.

Beaucoup de nos héros, n’ayant pas théorisé leur lutte, ont embrassés des théories révolutionnaires étrangères qui ne sont pas toujours conformes à nos réalités. Ils ont embrassé le socialisme sans réellement penser comment l’adapter à notre contexte. Le socialisme est une puissante réaction contre le capitalisme mondial. Il a fait ses preuves partout dans le monde. Mais il prend appui sur l’évolution des sociétés occidentales, ou du berceau nordique, pas de l’évolution des sociétés nègres. Le féodalisme avec les seigneurs et les serfs reste un mythe pour les sociétés nègres. Le capitalisme leur a été imposé par la colonisation. Il faut donc soit adapter le socialisme à l’évolution des sociétés africaines, ce qui demande de théoriser, soit penser une autre idéologie en prenant appui sur les sociétés africaines, ce qui revient toujours à théoriser. La théorie est donc incontournable. Notre combat n’est pas théorisé. Il nous faut prendre un temps considérable pour théoriser. Les mêmes causes partout produisent les mêmes effets. Nos prédécesseurs se sont lancés dans l’action sans théoriser leur lutte et ont été évincés. Si nous faisons la même erreur, notre sort sera le même.  Un combat bien théorisé assure une victoire certaine, qu'elle soit immédiate ou dans deux ou trois siècles. Une bonne théorie nous permettra de nous débarrasser une fois pour toute de la sangsue impérialiste agrippée sur nous et nous vidant de notre sang. Sans théorie, pas de victoire.

Ceux qui nous reprochent d'être trop théoriques sont généralement ceux qui n'apportent rien à la lutte. Pour eux, nous sommes des super-humains qui devons agir tandis qu’ils sont des spectateurs qui nous regardent agir, ou des arbitres. Depuis on ne cesse de nous reprocher de ne pas mener d’actions. Cela laisserait croire que cette pression témoigne une volonté d’action chez ceux qui nous font ce reproche. La vérité est autre. Quand nos confrères du MRC ont lancé les marches de protestation contre le régime, tous ceux qui nous reprochent de ne pas mener assez d’actions devaient être dans la rue. Mais ils n’y étaient pas. Ils étaient chez eux. La critique est très aisée. Quand nous organisons des séminaires de formation et des échanges citoyens, ceux qui nous reprochent d’être théoriques sont absents. On se demande finalement ce qu’ils entendent par action. Quand nous organisons des cérémonies d’installation de nos branches, ces érudits qui nous trouvent très théoriques sont absents. Ils se sont déjà définis comme spectateurs et attendent de l’action, comme dans un film. Ils s’interrogent sans cesse. Comment ces opposants ne multiplient pas de grèves, pourquoi ne chassent-ils pas encore le tyran ? Ils sont amorphes ces opposants. Nous n’avons aucune opposition. Que fait l’opposition ? Comme si dans l’opposition il y avait des surhommes et des surfemmes. Comme si les opposants n’étaient pas aussi des êtres humains. Comme si nos érudits ne peuvent pas aussi organiser l’action. C’est dans ce sens qu’on peut comprendre le reproche qui nous est fait constamment, d’être trop théorique. Dans ce combat que nous  menons pour la survie de notre peuple, il n'y a ni spectateur, ni arbitre. Tout recul de la lutte est trahison, toute neutralité est trahison. Il n'y a pas de neutre. Il y a soit des combattants pour la liberté, soit des traitres. La troisième option n'est pas possible. Cette division ne se fait pas encore sentir parce que l’action n'est pas encore engagée. Quand elle le sera, chacun devra faire un choix et l’assumer.

La LIMARA et la Ligue Associative Africaine ne fuient pas l’action. Si nous ne sommes pas encore au stade de l’action, c’est que le degré de développement de nos forces ne nous permet pas encore d’engager des actions de grande envergure. Ceux qui nous reprochent d’être théoriques, s’ils nous trouvent lents, doivent nous soutenir pour que nous puissions nous renforcer, ou bien joindre nos rangs et apporter leur contribution à la lutte pour la Matrie et pour l’Afrique. Nous insistons sur le soutien financier parce que non seulement notre plus grande faiblesse est financière, mais aussi la contribution financière est la plus grande méthode de jugement d’un membre et d’un sympathisant. Ceux qui nous reprochent d’être théoriques se permettent le loisir. Nous avons tout sacrifié : nos familles, nos loisirs, notre bonheur pour nous mettre au service de ce combat. Nous reprocher d’être théoriques sans apporter la moindre contribution est une preuve de mauvaise foi. Nous ne sommes pas des surhommes et des surfemmes. Nous ne sommes pas des messies, ni des dieux. Nous sommes des êtres humains comme tous les autres. Nous éprouvons aussi la peur, nous avons aussi des familles qui nous aiment et qui ont aussi peur quand nous prenons des risques. Nous avons des maris, des femmes, des enfants, des cousins qui comptent sur nous. Affirmer que nous sommes théoriques sans apporter la moindre contribution à l’avancée de la lutte est une cruauté. Le héros n'est pas un être exceptionnel, il est juste un être ordinaire qui a réussi à surmonter ses peurs. Sa force repose sur son extrême sensibilité. Il est sensible à la souffrance de son peuple et, comme une chèvre de sacrifice, il met sa vie en danger pour donner un sens à celle de son peuple. Il a placé l’intérêt des autres au-dessus de son propre intérêt. Comme le dit un de nos slogans, il est toujours le premier à endurer les peines et le dernier à jouir du confort. Dans tout cet abandon à son peuple, il sacrifie sa propre famille, qui en fait paie toujours le prix fort de son combat. Le révolutionnaire n’a pas souvent le temps de s’occuper de ses propres enfants. Toujours au secours des autres, il prend souvent des risques démesurés. Ses ennemis le localisent et le combattent. En plus de ce combat sans merci que lui livrent ses ennemis, son peuple lui reproche d’aller trop lentement, d’être trop théorique. Sa famille lui demande d’arrêter le combat et de se concentrer sur son devoir familial.

La seule chance de réussite de la révolution est sa théorie. C’est une tâche primordiale, incontournable. Elle demande énormément de sacrifices. Le combat est toujours lié aux idées. Le combat politique est fondamentalement un combat d’idées. Ce sont les idées qui s’affrontent au niveau de la scène politique. Les révolutionnaires veulent faire triompher leurs idées. Pour cela, ils doivent concevoir ces idées. Ils doivent théoriser. Puisqu’il faut absolument que les idées circulent, le révolutionnaire africain ne peut enfermer ses idées dans les livres puisque très peu d’africains sont alphabétisés, et parmi les alphabétisés, très peu a le goût de lecture. Nous devons donc trouver des méthodes pour diffuser nos idées. Nous devons les laisser libres, dans notre site web, faire des vidéos, organiser des échanges citoyens pour les diffuser. Donc nous n’attendons aucun revenu financier de la théorisation. Et s’il y a quelques retombés financiers, ils sont maigres. C’est ce qui justifie la raison pour laquelle beaucoup d’organisations fuient la théorisation. Elle demande beaucoup d’efforts, et les retombés visibles sont très maigres. Mais c’est l’étape cruciale de la lutte. Si la lutte doit durer 5 années, 4 années doivent être consacrées uniquement à sa théorisation. La cinquième année, qui est celle de l’action, n’est que la conséquence logique des 4 autres années de théorie. Pour qu’un peuple engage l’action, il lui faut atteindre la masse critique. La masse critique est le niveau où le peuple se remet en question, se reprend en main et se met en marche. L’atteinte de cette masse critique est un travail de titan, et ne repose que sur des idées.

L’erreur de presque tous les leaders politiques africains a été de sauter deux grandes phases dans la lutte, et de se concentrer sur la troisième. Et l’histoire a rapidement rappelé cette erreur. La première phase de la lutte est sa théorisation. Il faut réfléchir, penser la société que nous voulons construire. Ce travail se fait en même temps que la deuxième phase qui est l’organisation. Cette phase consiste à organiser le peuple pour mieux structurer l’action. La troisième phase est celle de l’action. Si un peuple engage l’action sans passer par les deux premières, alors on est en face d’une révolte que beaucoup qualifient très rapidement de révolution. Beaucoup parlent d’action sans savoir ce qu’elle signifie. Dans l’action globale, chaque action particulière doit viser un seul et même but, et doit être évaluée. Un mouvement révolutionnaire sérieux met du temps pour théoriser sa lutte. La LIMARA et la Ligue Associative Africaine continuent alors sans discontinuer le travail de théorisation de leur lutte.

 

La LIMARA, un parti de trop sur la scène nationale camerounaise ?

Un parti politique est l’expression des idées. Il défend des idées précises. Au lieu de nous reprocher d’avoir créé un parti politique de trop, la question qui devait nous être posée est bien celle des idées que nous défendons, et si nous ne pouvions pas défendre les mêmes idées dans un parti politique existant. Posé de cette manière, ce reproche serait plus compréhensible. Le nombre de partis politiques dans un pays n’est pas un problème. Qu’ils soient deux ou des milliers, au niveau du terrain, une sélection se fait naturellement. Le parti qui ne parvient pas à rallier le peuple s’éteint. Le parti qui ne parvient pas à s’organiser s’éteint. Le parti qui n’arrive pas à surmonter ses clivages internes s’éteint. Ne résistent sur la scène politique que les partis qui, d’une manière ou d’une autre, ont réussi à surmonter des obstacles qui se posent à leur existence et à susciter l’enthousiasme populaire d’une manière ou d’une autre. Les partis politique révolutionnaires combattus par les dictatures néocoloniales en Afrique sont obligés, pour exister de faire 4 à 5 fois le travail que font leurs confrères qui ont le soutien financier et juridique du régime néocolonial et de leurs tuteurs européens. Le parti révolutionnaire est souvent seul, soumis à toutes sortes de privations. Et malgré cela, il doit aussi soit rallier le peuple malgré son état, soit disparaitre. Aucune erreur ne lui est autorisée, puisque c’est justement ce que recherche âprement le régime néocolonial qui dirige son pays. Au Cameroun à cette date de mai 2022, pratiquement 400 partis politiques sont légalisés. Mais sur la scène politique on ressent à peine l’existence de 7 partis politiques. Et les autres ? Ils ont subi la loi de la sélection populaire. Même les partis existants se font ressentir généralement à la veille des élections, à part le CPP (Cameroon People’s Party) d’Edith Kah Wallah qui, entre les élections, essaie d’animer à sa manière la scène politique. Très récemment, le MRC a aussi animé la scène politique après la période électorale. Mais son but était faire tomber le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) au pouvoir. Après l’échec de cette initiative, on ressent aussi un silence de sa part. Il faut préciser que son silence est lié à la cabale que le régime a engagée contre le parti et ses militants, en déployant contre eux toute sa tyrannie. Ce que nous déplorons d’un régime tyrannique. L’animation de la scène politique coûte énormément chère. La dictature au pouvoir limite toute action de l’opposition, surtout celle qu’elle ne contrôle pas. Toujours est-il, le parti politique qui ne parvient pas à s’imposer s’éteint.

Le parti, il faut le répéter, est l’expression des idées. Sur la scène politique, nous n’avons pas trouvé un parti politique qui représente grandement nos idées. L’UPC-MANIDEM, il faut le dire, représente une grande partie de nos idées. Comme nous, c’est un parti révolutionnaire. Depuis plus de 30 ans, il lutte pour avoir son récépissé et pouvoir aussi présenter des candidats à différentes élections. Mais le régime néocolonial, violant ses propres lois, partage des récépissés, sauf aux nationalistes et révolutionnaires. L’UPC-MANIDEM est presque totalement absent de la scène politique nationale. C’est aussi un parti très conservateur des idées de l’UPC (Union des Populations du Cameroun). Il n’a pas su s’adapter aux différents changements qui se sont produit au pays, ce qui justifie aussi leur situation. Donc contrairement à ce que peut laisser croire la multitude de partis politiques qui se créent constamment, la scène politique camerounaise est vide. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, une force assez organisée pour faire tomber la dictature ou l’empêcher de se renouveler. Les forces qui lui tiennent constamment tête sont toujours des forces aujoulatistes, obéissant au schéma de soumission à la France. Ces forces appellent constamment la France pour venir chasser le tyran et les mettre à sa place. Autrement dit, ce sont les forces du statuquo. Ils ne changeront pratiquement rien. Il faut au Cameroun non un changement de régime, mais un changement de système. La force qui doit le faire doit être assez organisée.

J’ai parlé ici des forces aujoulatistes. Une clarification s’impose. Dès l’entrée de l’ennemi allemand au Cameroun, deux camps se sont formés entre les enfants du pays. Il y a eu le camp des nationalistes qui ont affronté l’ennemi, et il y a eu le camp des traitres qui se sont faits les valets de l’ennemi pour leurs intérêts personnels. Jusqu’en 1948, ces deux camps n’étaient pas très tranchés. Quand le pays se remet en marche pour sa liberté avec la création de l’UPC, l’écart se creuse de manière nette entre les deux camps. Quand la libération du pays tourne en conflit armé, la séparation des deux camps est nette. Les nationalistes au sein de l’UPC luttent âprement contre l’ennemi français. C’est le camp des nationalistes. La France recrute tous les arrivistes du pays, sous la conduite de Louis Paul Aujoulat, un ancien député de la colonie devenu ministre en France, et les dresse contre les nationalistes. Avec l’échec des nationalistes en 1971, ce sont les aujoulatistes (de la lignée d’Aujoulat) qui prennent les commandes du pays, et sont totalement aux ordres de l’ennemi français. Sous les ordres de leur maitre, ils ont évincé le camp nationaliste. Le premier président Ahmadou Ahidjo, dans un cynisme sans pareil, a égorgé tous les chefs nationalistes du pays : Martin Singap, Paul Momo, Jérémie Ndéléné, Ossende Afana, Ernest Ouandié, Félix Moumié… Il a fait bruler des quartiers entiers parce qu’il leur reprochait de sympathie envers les nationalistes. Même les modérés comme André Marie Mbida, le tout premier ministre du pays, n’a pas échappé à sa tyrannie. Après Ahmadou Ahidjo, son successeur Paul Biya est venu continuer l’œuvre d’éviction de tout ce qui est nationaliste. Pour déclarer la guerre contre la secte islamique Boko-Haram qui menait des incursions au pays, le président s’est vanté d’avoir gagné la guerre contre les nationalistes. Le camp nationaliste, certes combattu, n’a pas disparu. Actuellement deux partis politiques le représentent. Il s’agit de la LIMARA et de l’UPC-MANIDEM. Nous comprenons pourquoi les deux partis politiques n’ont pas encore leurs récépissés. Nous avons donc créé un autre parti politique parce que nous nous sommes affiliés à la famille nationaliste que nous allons faire revivre. Nous ne pouvions pas adhérer à un parti politique aujoulatiste. L’UPC-MANIDEM qui représentait encore cette famille n’avait pas de récépissé et était à un niveau vraiment bas de développement de ses forces. Il fallait dans ce camp une force nouvelle. Et cette force est notre parti la LIMARA. Beaucoup de forces politiques sur la scène s’alignent du coté aujoulatiste, et appellent la France pour venir les installer au pouvoir. Ils cherchent plus à plaire à la France qu’à leur peuple.

 Sur la scène, l’influence des forces de changement est presque nulle. Les forces révolutionnaires sont à peine audibles. Donc seules les forces néocoloniales se font entendre. Les forces dites révolutionnaires ou upécistes se sont lancées dans une des pires tares du combat : le tribalisme. Elles ont émietté le parti nationaliste l’UPC en une multitude de partis politiques, dont aucun n’a d’influence. Au lieu de construire un front commun, ils s’affrontent sur ce qui ne peut rien apporter au combat. Les partis upécistes ont trahi la lutte, ils ont trahi nos héros. Malgré le fait qu’il ait trahi la lutte, j’ai eu beaucoup d’admiration pour Woungly Massaga. Un soir de vendredi nous nous rencontrons à son domicile à Yaoundé. Je me mets en garde à vous, et il met aussi en garde à vous. On se salue et on engage une longue conversation. J’ai vu en lui un combattant, un vrai. Malgré sa maladie, il était toujours prêt à servir la lutte, à apporter sa contribution. Il l’aurait fait à la mesure de ses possibilités. Il promet de prendre lui-même en charge la formation des cadres de la LIMARA et de dispenser les cours avec moi. Malgré sa maladie, et le fait qu’il se tenait debout à peine, il lis entièrement le programme de l’école des cadres de la LIMARA et affirme que le programme est juste parfait, et qu’il n’a rien à ajouter. Les combattants comme lui sont rares dans les différentes tendances de l’UPC. Cette admiration que j’ai pour lui ne change pas grande chose au rôle trouble qu’il a joué dans le 2e front. Ce trouble avait amené Ossende Afana à entrer précipitamment au Cameroun pour se faire décapiter par la dictature néocoloniale d’Ahmadou Ahidjo. Les forces upécistes sont divisées, et toutes les tentatives d’union ont été infructueuses, chacun restant callé sur ses positions. Il faut aussi préciser que le principal problème de l’UPC est que la seule UPC légalisée a fait allégeance à la dictature néocoloniale. Beaucoup de luttes sont des luttes de positionnement, pour avoir le plus grand gâteau de ce que va leur jeter la dictature. Jusqu’ici c’est l’UPC-MANIDEM qui est resté en dehors de toutes ces luttes pour le partage des miettes lancées par le régime néocolonial. C’est pourquoi il est resté le seul représentant de la famille nationaliste avant nous.

Adhérer à une tendance de l’UPC était en quelque sorte s’enfermer dans ces divisions qui ont conduit le parti nationaliste aux abois, et se condamner du même coup à un échec certain. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de créer un parti politique autonome. Le 17 Avril 2017 quand nous créons la LIMARA, un grand débat s’engage au sein du parti. Faut-il créer un parti autonome ou adhérer à un parti politique existant ? Nous avons décidé de créer un parti politique autonome, la LIMARA. Nous savions que cela n’allait pas être facile. Mais nous l’avons fait. Un combat révolutionnaire a besoin d’un catalyseur, d’une organisation d’avant-garde. C’est le rôle que jouent la LIMARA et la Ligue Associative Africaine. La multitude de partis politiques en fait n’est pas un problème, d’autant plus que nous collaborons avec toutes les forces vives du pays qui acceptent bien notre collaboration.

La LIMARA compte mener une révolution, changer de manière radicale les conditions de vie des camerounais, mener le Cameroun vers une vision Afro-centrée prenant l'Africain comme la priorité de toutes les priorités. Nous amenons les Africains à danser, penser, manger, aimer, s’habiller selon le modèle africain. Nous avons adopté le Swahili comme la langue de premier plan du Cameroun, secondée par l’Anglais et le Fulfulde. Nous créerons une monnaie à vocation continentale que nous appelons l’Afro. Nous nationaliserons les grandes entreprises pour prendre le contrôle de notre économie, pratiquerons le protectionnisme pour protéger nos entrepreneurs nationaux, refonderons la chefferie traditionnelle. Bref, nous allons révolutionner toute la société camerounaise, ses structures et ses infrastructures, sa manière de penser et d’appréhender le monde. Si nous avions adhéré à un parti politique, toutes ces mesures pourtant très salutaires pour notre peuple devaient rencontrer de grandes résistances. Ils devaient être adoptés en partie pour nous contenter. Pour être sûrs d’appliquer fidèlement nos idées en toute liberté, il nous fallait un parti politique autonome qui collabore avec d’autres forces. Le risque d’adhérer à un parti politique existant était de dépenser de l’énergie et qu’à un niveau nos idées deviennent dérangeantes et nous mettent en conflit avec le directoire du parti. Ce conflit il ne faut pas le sous-estimer. Il arrive constamment dans les partis politiques entre une jeunesse aux idées nouvelles et une administration conservatrice. C’est ce conflit qui avait amené Kwame Nkrumah à quitter l’UGCC (United Gold Coast Convention) pour créer le CPP (Convention People’s Party), ou Steve Biko à se désolidariser de l’ANC (African National Congress). Nous n’avons pas voulu déployer beaucoup d’énergies et nous trouver à un moment obligés de faire marche arrière et de reprendre tout à zéro. Ce qui nous a poussé à créer directement la LIMARA, qui à son tour n’est qu’une branche de la Ligue Associative Africaine qui mène le même combat au niveau continental. Dans un parti autre, la gestion de nos idées allait être compliquée. Le risque dans le parti devait être de nous percevoir comme une menace, puisque nos idées allaient sûrement entrer en confrontation avec plusieurs points des idées de ce parti. Voilà autant d’éléments qui nous ont obligés à créer la LIMARA et la Ligue Associative Africaine.

 

Et les cotisations que nous avons instituées, et qui limitent les adhésions ?

Il n’y a pas un critère aussi puissant pour juger de la détermination d’un membre dans un mouvement que ses cotisations. Ceux qui croient aux idées et au combat cotisent naturellement. Ils savent qu’ils doivent faire des sacrifices pour le mouvement, et le plus déterminant est financier. Un membre qui dans un parti politique ou une association ne paie pas ses cotisations est un membre qui y est de passage. C’est un membre qui fait la figuration dans le mouvement. C’est un joueur qui fait semblant d’être dans le mouvement en attendant voir mieux ailleurs. Si le mouvement s’éteint, il se retire tout simplement. Il n’a rien perdu. Il s’en va faire la figuration dans un autre mouvement. Si le mouvement marche avec le sacrifice des autres, alors il bénéficie des retombés. Toutes les associations et partis politiques au monde instituent des cotisations parce que ce sont les cotisations qui permettent au mouvement de mener ses activités. Un membre ou un sympathisant qui reproche au parti d’avoir institué des cotisations, ce qui limite les adhésions est de mauvaise foi. Le parti ne veut pas puiser tous les arrivistes du pays et verser dans ses rangs. La LIMARA a besoin des membres vrais, qui se donnent entièrement au parti, qui font des sacrifices pour la cause commune. Nous préférons avoir 5 militants vrais que des centaines de milliers de faux militants, et un militant vrai sait qu’il doit payer ses cotisations dans le parti. C’est une obligation partisane.

Le parti a facilité au maximum la procédure des cotisations pour la rendre supportable. Il a laissé le soin à chacun de choisir le montant de ses cotisations annuelles et de les payer. La cotisation est le plus grand des devoirs militants. Si on n’est pas capable de sacrifier certaines choses pour pouvoir payer ses cotisations dans le parti, alors on n’est pas un militant de ce parti. Il y a dans les rangs de la LIMARA ceux qui, depuis sa création en 2017, n’ont jamais versé de cotisations et ne se surprennent pas du fait que le parti mène des activités. Ceux-là font semblant d’être dans le parti, en attendant juste trouver mieux. Au vu de tout ceci, nous ne pouvons donc retirer les cotisations du parti. Elles sont nécessaires. Ceux qui font chemin avec la LIMARA paient leurs cotisations.

 

La LIMARA, un parti qui refuse de soutenir les actions des autres partis ?

Ce reproche nous a été fait en 2018 et 2020 quand nos confrères du MRC ont initié des marches de protestation. Il a été reproché à la  LIMARA de ne pas joindre sa force à l’action, de ne pas joindre le mouvement comme certains partis politiques de l'opposition. Certains sont allés jusqu’à nous signifier que notre adhésion à ce vaste mouvement permettra au parti de se faire connaitre, d’avoir une renommée nationale.

La LIMARA a toujours milité pour la mutualisation des forces de l’opposition. Dès sa création, elle s’est rapprochée de plusieurs partis politiques : l'UPC-MANIDEM, le PURS (Peuple Uni pour la Rénovation Sociale). Elle a adhéré à deux plateformes politiques : Stand Up For Cameroun et l’Alliance Patriotique. La LIMARA a même décidé de soutenir le PURS à l’élection présidentielle de 2018. C'est le PURS qui, avec orgueil et mépris, n'a pas voulu de notre soutien. On ne peut donc pas reprocher à la LIMARA de ne pas soutenir d’autres forces politiques. Elle le fait constamment. Aux élections présidentielles de 2018, elle a appelé ses membres et sympathisants à voter pour un parti d’opposition. Bien évidemment beaucoup aurait souhaité que le LIMARA se prononce plus clairement et nomme le parti politique en question, ce qui n'a pas été fait. C’est un choix du parti. Notre collaboration avec le PURS ayant échoué, nous avons décidé de ne soutenir personne, mais tous les partis d’opposition. Nous avons laissé la liberté à nos membres et sympathisants de voter pour n’importe quel parti d’opposition de leur choix. Revenant au cadre de notre confrère du MRC qu’il fallait soutenir, deux éléments nous ont déterminés à ne pas joindre l’action engagée.

Le premier aspect est lié à notre statut. Nous menons un combat global pour hisser notre pays au rang des grandes puissances mondiales. Nous optons pour une rupture épistémologique. Pour cela, nous menons un total (politique, économique, culturel et religieux). Notre combat ne s'arrête pas au simple cadre national. Il touche le continent, il touche la race. Mener un tel combat nous demande un intense travail de théorisation. Nous menons le combat en fonction des ressources disponibles. Nos ressources ne nous permettent pas encore de mener tous les plans de notre lutte. Quand le MRC décide de contester le régime dans le Non au Hold-Up électoral en 2018 et plus tard en 2020, la LIMARA, comme il nous a été reproché, ne peut pas joindre cette action, parce que son degré de développement ne lui permet pas encore de supporter une épreuve de force avec le régime. Le parti n’a pas encore assez de moyens financiers pour payer les avocats en cas d’arrestation, son niveau de développement en tel que l'arrestation d'un dirigeant du parti devait créer un véritable choc dans le développement du parti. De manière objective, il était difficile pour le LIMARA de joindre cette action. Cette difficulté est renforcée par le fait que la solidarité sans faille entre les membres oblige les autres membres à s'occuper de la famille d’un membre arrêté ou qui perd la vie en menant une activité du parti. Or les membres, pour la plupart, vivent dans des conditions difficiles, voire précaires. Pour engager une épreuve de force, il faut étudier ses forces réelles. Nous n’étions donc pas prêts à une épreuve de force à ce moment.

Le second aspect est la nature de l'organisation de ces évènements. Alors que beaucoup de partis de l'opposition espéraient que le MRC profite de la popularité et de la renommée qu’il venait d’acquérir aux élections de 2018 pour unir les forces de l'opposition et mener en combat commun contre le régime néocolonial, le MRC a pris des initiatives personnelles et a invité les autres forces politiques à se joindre à lui. Les autres partis politiques de l’opposition étaient libres de se joindre ou de ne pas se joindre à lui. Une action concertée devait naturellement trouver l’adhésion de la LIMARA. Nous avons aussi trouvé que le peuple n’était pas prêts moralement pour affronter le régime. Il n'était pas assez organisé. Pour nous, il faut densifier l'organisation des masses pour les rendre capable de tenir les défis que l’attendent. Autant d’éléments ont poussé notre parti à la réserve. Nous ne pouvions donc pas nous impliquer dans les actions de nos confrères du MRC. La LIMARA, bien que n'ayant pas pris part aux évènements, n'a cessé de soutenir le MRC durant toutes les épreuves qu'il a surmontées face à un régime néocolonial et dictatorial. Nos fora se sont transformés en lieux de débats et de partage des actions de notre confrère le MRC. Nous nous sommes plusieurs fois offusqués contre les abus du régime contre les manifestants pacifiques du MRC. On peut juger cela insuffisant pour soutenir un confrère de l'opposition, mais c’est ce que nos forces nous ont permis d’offrir comme soutien à notre confrère.

 

Et le fait que la LIMARA n’ait pas son récépissé de légalisation ?

De manière sincère la LIMARA ne sait pas comment répondre à cette critique. Nous avons déposé nos dossiers de légalisation aux services du gouverneur de Bafoussam le 03 janvier 2018. La loi prévoit que le MINAT (Ministère de l'Administration Territoriale) a trois mois pour nous délivrer notre récépissé de légalisation. Nous voici à notre cinquième année d’attente. Nous avons multiplié des visites au MINAT pour suivre nos dossiers. Nous n’avons toujours pas notre récépissé. Nous avons plus de quatre fois demandé l'audience au ministre de l’Administration Territoriale M. Atanga Nji pour savoir pour quelles raisons nous n’avons pas toujours eu notre récépissé. Toutes les demandes d’audience ont été rejetées. Nous avons écrit au ministre pour la même raison. Aucune réponse, pourtant plus de quinze partis politiques qui ont déposé leurs dossiers après nous ont eu leurs récépissés. Les partis politiques qui ont déposé leurs dossiers en 2021 ont eu leurs récépissés. Nous sommes la victime d'un système. Nous reprocher de ne pas avoir notre récépissé c’est acculer la victime, alors que c’est le gouvernement qui vote des lois et ne les applique pas. Si nous n’avons pas notre récépissé malgré le fait que rien ne manque à nos dossiers, c’est au gouvernement de Paul Biya qu'il faut faire ce reproche, pas aux victimes que nous sommes. Nos dossiers sont complets et conformes. C’est le gouvernement qui choisit ses adversaires politiques, en donnant à certains des récépissés et en refusant à d’autres. Mais nous sommes un parti légal. Nous menons nos activités comme tous les autres partis politiques du Cameroun. C’est notre droit d’avoir notre récépissé. En gardant notre récépissé, le gouvernement compte nous mettre dans une situation difficile où nous aurons du mal à recruter. Si nous devenons une véritable menace pour lui, il peut bloquer nos militants lors des élections en arguant le fait que nous n’avons pas de récépissé. IIl suffit de donner l’ordre à ELACAM qui est chargé de l’organisation des lécetions de ne pas admettre à la course électirale un parti sans récépissé. Nous sommes conscients des visées sordides du régime dictatorial de Paul Biya. Le but est de choisir ses adversaires avce qui compétir, et e pas accepter sur la scène politique un adversaire qui peut le battre. Il est conscient que nous le battrons. C’est une question de temps. C’est pourquoi il prend des initiatives pour limiter notre progression. Mais cette peur du régime ne changera rien. Nous allons révolutionner le Cameroun. Garder notre récépissé de légalisation peut nous freiner, jamais nous arrêter. Depuis 2018, sans récépissé, avec les moyens particulièrement limitées, nous ne cessons de grandir, nous ne cessons d’avancer. Chaque jour nous rend plus confiant en notre victoire. Donc ceux qui nous reprochent du fait que nous n’ayons pas de récépissé de notre légalisation doivent faire ce reproche au gouvernement de Paul Biya à la solde de la France, pas à nous qui avons tout fait pour avoir notre récépissé comme les autres forces politiques du pays.

 

Et la priorité politique au lieu d’économique ?

Cette critique revient incessamment. Elle anime nos groupes d'échanges ouverts et nos fora. Il nous est reproché d’avoir mis la priorité sur la politique alors que la priorité devait être économique et culturelle. La politique ne devait être que la dernière étape, pour ceux qui acceptent l’aspect politique. D'autres, la majorité, se clament apolitiques. La LIMARA est donc dans l'erreur disent-ils, et ils nous aident par leurs conseils à corriger cette erreur. Les défenseurs de la priorité  économique affirment que la politique ne se fait pas sans moyens. Il faut mettre la priorité sur l'économie, encourager l'entreprenariat et une fois les conditions économiques améliorées, on engage la politique.

La politique marche toujours avec l'économie, c’est pour cela que les socialistes ont parlé d’économe politique. Entre l'économie et la politique, la priorité doit être politique. Ceux qui parlent de la priorité économique sont de mauvaise foi. Si tous les cadres de le LIMARA créent des entreprises, ils ne pourront jamais réussir à changer le pays. Le pays brasse chaque jour de nouveaux chômeurs. Nous allons recruter quelques centaines, ou milliers ou même centaines de milliers, nous ne pourrons jamais absorber le chômage. Si nous devenons gênants pour le régime, il peut utiliser les appareils d’Etat (taxes, justice, police, gendarmerie…) pour nous entrainer à la faillite. Et même si nous avons assez de ressources financières, qu’allons-nous faire ? Payer les populations pour qu’ils nous donnent le pouvoir politique ? Nous prenons pris le cas d’Aligo Dangote, un multimilliardaire nigérian, plusieurs fois l’homme le plus riche d’Afrique. Que peut-il réellement faire pour améliorer les conditions de vie des Nigérians ? Rien. Ou du moins pas grand-chose. Il peut juste recruter quelques nigérians ou faire la fierté d'une réussite économique, ou créer quelques projets sociaux qui ne vont profiter qu’à une très infirme partie de la population. Par contre, le président nigérian chaque jour agit sur la destinée des nigérians. Il peut améliorer leurs conditions de vie et porter le Nigéria au rang des grandes puissances mondiales. Il réorganise toute l’économie, la politique, la culture, la religion. Bref il a le pouvoir d’Etat. C’est le pouvoir qu'il faut chercher âprement pour améliorer les conditions de vie de notre peuple. L’économie doit renforcer la politique et jamais de contraire, l’économie est au service du politique. Un élément frappe aux yeux. Ceux qui nous reprochent de mettre la priorité sur la politique sont des entrepreneurs qui utilisent le panafricanisme juste pour leur ascension personnelle et pour fructifier leurs affaires. Ils n’ont jamais apporté un soutien financier à la lutte. Qu’on ne se trompe pas. Sans un mouvement d’avant-garde fort, il n’y a pas de victoire, il n’y a pas de changement véritable en Afrique. Cette avant-garde est un mouvement politique. L'Histoire est sans équivoque sur ce fait. Ceux qui veulent mettre la priorité sur l'économie fuient le combat, et trouvent des aspects justificatifs pour leur fuite. Pire, ils veulent entrainer des combattants dans leur fuite. C’est la politique qui régule tout. C’est elle qui pose les bases d’une économie solide, c'est elle qui protège la culture nationale, c’est elle qui peut pousser ou contraindre la population à consommer les produits du pays. C’est la politique qui peut subventionner les entrepreneurs nationaux, c'est elle qui protège les intérêts du pays à l’étranger, qui construit des écoles, des dispensaires, qui définit les programmes scolaires... Bref la politique est tout. Fuir le pouvoir politique et dire qu'on veut le changement du pays est une aberration. C’est sur la politique que nous devons concentrer toutes nos énergies. C’est la priorité des priorités, c'est l’ultime priorité.

Ceux qui pensent qu'on peut édifier une culture nationale en se passant de la politique se trompent énormément, puisque c'est la politique qui définit la culture nationale. C’est elle qui choisit ce qui doit être valorisé ou non. Toutes les grandes religions du monde à un moment de leurs développements ont été des religions d’Etat. C’est l’Etat qui payait les prêtres, les imams... La politique est incontournable. La LIMARA se trompe difficilement. Une fois de plus, elle ne s'est pas trompée sur la priorité politique.

 

Des cadres trop jeunes et trop zélés?

Dès la création de notre parti, beaucoup nous ont prophétisé l'échec. Ils nous ont dit de nous concentrer sur nos études, de chercher notre vie, et quand  nous serons vieux avec de grands enfants, nous pourrons faire la politique. Ils nous ont dit que la politique n'était pas pour les pauvres et qu'on était encore trop jeunes. Trop jeunes ont-ils dit ! A 25 ans on est donc trop jeunes pour faire la politique. Avec notre détermination à continuer, ils ont dit que nous sommes zélés. Quand ils ont vu le mémorandum que nous avons fait sur notre projet de société, ils ont dit que nous étions trop zélés, et que nous rêvons. Réveillez-vous les amis, ont-ils dit. Regardez la réalité en face, la France ne vous permettra Jamais ! Elle vous tuera, pensez à vos parents.

Les grandes batailles sont assises sur de grandes stratégies, et notre stratégie est très solide. Ceux qui nous ont prophétisé l’échec depuis 2017 assistent à notre incessant développement. Nous devenons forts de jour en jour. La possibilité de l'échec est écartée chaque jour. Avec plusieurs branches responsabilisées, plus de 150 articles rédigés sur notre combat, les résumés des plus illustres ouvrages et œuvres sur l'Afrique, plus de 70 vidéos sur notre combat et la Sympathie que nous suscitons chaque jour auprès des masses, nous reculons, chaque jour la possibilité de l'échec. Et même si notre mouvement disparait aujourd’hui, nous aurons laissé à la postérité un héritage inestimable.

Nous avons invalidé l’idée très répandue selon laquelle la politique est l’affaire des vieillards. Etant presque tous des étudiants, nous avons créé un parti politique et nous l'avons tenu pendant 5 ans déjà, avec des moyens particulièrement limités, et nous continuons notre ascension fulgurante. Tout dépend de l’objectif à atteindre et des stratégies déployées dans ce sens. Il est aussi certes vrai que si le parti a pu tenir, c'est grâce au sur-sacrifice de quelques personnes, qui ont tout sacrifié pour la lutte, dormant affamés, vivant dans des condition très précaires, où un simple paludisme pouvait leur faire trépasser par manque de moyens. Mais nous avons tenu ferme pendant ces cinq années d'existence. Parce que ce qui compte pour nous c'est de hisser notre pays au rang des grandes puissances mondiales et unir l'Afrique en un seul pays. Ceux qui s’offusquent de notre jeunesse ont la mémoire courte. Nous sommes trop vieux par rapport à nos prédécesseurs : Sankara, Lumumba, Steve Biko, Mugabe... Presque tous les héros d’Afrique à notre âge avaient déjà entre leurs mains de nombreux actifs, s’ils n’étaient déjà pas au pouvoir. La moyenne d’âge de l’assassinat de nos héros est de 36 ans. Et à cet âge, ils avaient déjà fait de grandes réalisations au point où le colon décide de les éliminer. Donc comparés à nos prédécesseurs nous sommes à la traine, sérieusement à la traine. Mais ce qui compte pour nous c'est la victoire. On n’est jamais trop zélés quand il s’agit du pays. Le mémorandum que nous avons fait sur notre projet de société, loin d’être un zèle, est du réalisme. C’est ce qu'il faut pour le Cameroun, et pour tout pays néocolonial sérieux. Il faut nationaliser les entreprises, pratiquer le protectionnisme, bâtir les industries. Ce n'est pas du zèle, c’est le réalisme. Sans cela, nous serons comme nos dirigeants actuels, incapables d'apporter des réponses aux problèmes du pays. Nous ne sommes rien, le pays est tout et pour lui nous sommes prêts à tout, à aller jusqu'à l'extrême limites. Il faut nationaliser pour reprendre le contrôle de l'économie. Si on appelle zèle la volonté et la détermination pour libérer son pays, alors nous sommes zélés.

 

LA LIMARA trop nègre ?

Il nous est reproché d’être trop tournés vers les nègres, et d’être même un mouvement nègre. Certains sont allés jusqu’à nous traiter de racistes. Bien évidement nous devons être clairs, la race n’est pas un problème, ne devrait pas être un problème. Mais en réalité, beaucoup de nos problèmes sont liés à la race. C'est la race entière qui a été réduite en esclavage, c’est la race entière qui est malmenée à travers la planète. On ne peut pas ignorer cet aspect dans la lutte que nous menons. Un mouvement révolutionnaire sérieux ne peut ignorer cet aspect. Si c’est au nom de la race que nous sommes esclavagisés, c’est également au nom de la race que nous devons lutter pour nous libérer. Ce qu’on a pris comme élément de notre assujettissement, nous devons aussi le prendre comme élément de notre libération et de notre progrès. Nous ne disons ici que très haut ce que toutes les races font tout bas. Par an, la Chine dépensait environ……………. pour soutenir le Viet-cong qui luttait contre l'impérialisme français. L’Egypte soutenait aussi très fortement le FLN (Front de Libération Nationale) d’Algérie qui luttait contre le même colon. L’UPC recevait à peine un léger soutien de ces deux puissances. L’UPC combattait aussi le même colon. Mais un élément fondamental entre en Jeu: Les Vietnamiens sont jaunes comme les chinois. Les Algériens sont des Arabes comme les Egyptiens. Et les camerounais ? Ils sont moirs, donc différents des Egyptiens et des chinois. La race n’est jamais neutre. La chine a déployé……….. de militaires pour se battre en Corée du Nord. Les Nord-coréens sont jaunes. Dans quel pays noir a-t-on vu un tel de ploiement ? Aucun. Au contraire, on la assisté, le monde entier a assisté à l’élimination physique des héros nègres à travers le monde. La Chine qui a perdu ………….. soldats en Coée du Nord n’a pas envoyé le dixième de ces hommes pour soutenir Lumumba. Nos héros ont té en quelque sorte abandonné à eux-mêmes. Le manque d’une force nègre capable de les soutenir leur faisait défaut. Ils n'ont pas été moins combatif que d'autres. Il n’ y a que nous les noirs qui croyons aux notions d'humanisme. Il n’y a que nous qui faisons des efforts pour être avec les autres, efforts qu'on nous retourne par des humiliations, que nous subissons fièrement. Il n’y a que nous qui avons adopté les religions des autres pour montrer notre volonté de fraternité. Anyant adopté leurs religions, comment nous traitent-ils ? Nous parlons comme les autres, nous habillons comme eux, nous maquillons pour leur ressembler. Que récoltons-nous ? Des crachats. Il faut une rupture totale. Il faut désormais prier notre propre Dieu, porter nos jolis tissus pagnes ; bref tout doit être repensé selon la vision africaine. Si ces critiques s’appellent être afro-centrés, alors nous répondons que nous sommes fiers de l’être. Le maquillage doit disparaitre, les meches et perruques Egalement. C'est toute une civilisation que nous voulons faire émerger, c'est la fin des vestes. L’Afrique est désormais au centre de tout. Tout gravite autour d'elle. Elle est tout, ses valeurs sont les seules applicables. Elle a tout ce dont elle a besoin. Si nous devons faire des emprunts, c’est pour nous renforcer.  Il faut qu'on soit clair, nous ne détestons aucune race. Mais nous devons d’abord être nous, nous redéfinir, avant d'aller à la rencontre des autres races. C’est un replie sur nous-mêmes pour évaluer notre passé, nos rapports avec les autres et redéfinir de nouveaux critères de collaboration et notre nouveau rapport au monde.

 

L’orientation économique de la Ligue Associative Africaine est-elle capitaliste ?

Etant parti de rien, sans moyens, il faut les créer. Pour le faire, nous avons lancé un projet économique qui se fait en plusieurs campagnes. Beaucoup estiment que le fond de ce projet est capitaliste. Il ne nous fallait pas créer un projet où les partenaires reçoivent des bénéfices, et il nous fallait cultiver bio, sans engrais chimiques.

Nous menons un combat pour la dignité du peuple noir. Nous menons un combat pour être respectés au monde, un combat pour imposer notre paradigme aux nôtre. Ce combat est un combat total. Si nous voulons le réussir, il doit être religieux, politique, économique, social et épistémologique (au niveau de la pensée). Ignorer un seul de ces aspects c’est se condamner au suicide. Quand on est conscient des combats à mener, la question qui vient tout naturellement est celle de comment ? Ce qui fait appel à la méthode, à la stratégie. Mais un obstacle se pose partout. C’est celui de l’aspect financier. L’organisation des séminaires, l’installation des branches, les dons que nous faisons pour l’amélioration de nos conditions de vie, le site internet, la théorisation de la lutte, les descentes sur le terrain etc… coutent énormément cher au parti. En plus, il nous faut de temps en temps soutenir quelques initiatives en faveur de la renaissance de l’Afrique. Sans compter que parmi nous il y a beaucoup de sans-emplois. Comment trouver les moyens financiers pour supporter ces dépenses ? Nous pensons qu’il faut multiplier des activités économiques. Et c’est où le problème se pose. Beaucoup des nôtres n’ont pas les moyens pour investir sans intérêts pour soutenir le combat. Beaucoup peines pour manger. Lancer donc une entreprise communautaire entre nous où on se partage les tâches et les intérêts se heurte à plusieurs obstacles. Nous sommes très éloignés les uns des autres. En plus, par expérience, beaucoup ne seront pas disponibles à tout moment pour le champ et autres. Cette logique est souvent lente, or il nous faut urgemment les fonds pour démarrer les autres axes du combat.

Il faut donc une autre alternative. Pour remédier au problème d’investissement, nous avons fait appel aux investisseurs qui ne sont pas du combat et aussi aux camarades. Le but est d’avoir des fonds nécessaires pour investir. Il n’y a pas de progrès sans accumulation primitive de départ. Tout progrès part d’une accumulation primitive qui peut permettre de lancer de grands projets. Dans notre logique, une partie des bénéfices est reversée au combat. Pour notre projet test, nous avons réussi à collecter 1.250.000 frs CFA pour la première campagne de la pastèque. Cette campagne, après 4 mois a apporté presque 200.000 au combat. Et dans 4 mois quand le second sera achevé, une telle somme lui sera encore reversée. Par ce seul premier investissement, le parti est sûr d’avoir après chaque 5 mois au moins 150.000 frs CFA dans ses caisses pour mener ses activités. Qu’y a-t-il de capitalisme dans cette logique ? Le parti est bénéficiaire tout comme les partenaires. Le combat peut donc se mener plus amplement par ce seul projet test. Cette methode est incontournable pour mener un combat sans moyens, sinon nous risquons concentrer tout notre combat sur les réseaux sociaux et nous surprendre quelques décennies après que nous avons été un think thank et que le combat est encore complet.

Le capitalisme, il faut bien le dire, est la recherche sans frein du profit individuel par l’exploitation des travailleurs. Nos projets ont-ils pour but l’intérêt personnel ? Non. Il n’y a rien de capitalisme dans nos projets. Si pour certains le capitalisme est la recherche simple de l’intérêt, alors arrêtons l’économie puisqu’il n’y a pas d’économie sans intérêt. Le commerçant recherche l’intérêt, tout comme le producteur. La différence avec le capitalisme est qu’il recherche l’intérêt personnel par l’exploitation des ouvriers. Il leur donne juste de quoi survivre et renouveler leur force de travail. Nos projets sont très pragmatiques et les résultats probants et palpables. Ils permettent de soutenir le combat. Plus les investissements augmentent, plus le mouvement se stabilise financièrement.  Concernant le fait d’utiliser les engrais au lieu d’utliser les engrais naturels, ce sont les circonstances qui nous exigent cela pour un début. Il nous faut très rapidement avoir des fonds pour menr nos activités. Financièremet le mouvement n’est pas encore stable. Il a urgemment besoin de fonds. Ce qui justifie certais de ces choix actuels, qui ne sont que des choix de circonstance. Avec le temps, nous developperons une véritable économie sociale. Mais pour le moment,les exigences du combat nous imposent certains choix.

La LIMARA a voulu par cet article répondre aux critiques qui lui ont été faites pendant ses cinq premières années d’existence. D’autres critiques arriveront au fur et à mesure que nous progresserons. Mais la LIMARA sera toujours prompte à apporter des clarifications à ces critiques. Nous ne fuyons pas les critiques. Nous les utilisons pour mieux nous construire. Le Cameroun et l’Afrique seront ce que nous aurons voulu. Le combat pour notre grandeur continue…